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Grande-Bretagne : plan national d’abandon d’armes !

lundi 23 mai 2022, par Michaël Magi vice Président de l’UFA

Du 12 au 29 mai 2022, les britanniques ont mis en place un plan national d’abandon d’armes. Des lieux de dépôt sont mis à disposition dans les postes de police, et le gouvernement invite les citoyens à venir déposer leurs armes, anonymement et sans poursuites.

Sont bien entendu visées les armes qui seraient détenues illégalement : soit des « trouvailles » ou encore des armes qui étaient libres et qui ne le sont plus suite à un changement de règlementation.

Les autorités communiquent notamment sur le sujet avec ces deux slogans :

  • « Nous ne voulons pas savoir qui vous êtes ni comment vous les avez eus, tout ce que nous voulons c’est que vous nous donniez vos armes. »
  • « Connaissez votre arme, et connaissez la loi. Si vous n’en êtes pas légalement propriétaire, abandonnez votre arme. »
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Les autorités présentent leur plan national d’abandon d’armes en vidéo.

Des opérations comme celles-là avaient déjà été organisées en 2014 et en 2019. Pour celle de 2014, 6 000 « armes à feu » auraient été récupérées (sachant que les autorités britanniques ont regroupé les répliques d’armes et les armes à air comprimé sous l’appellation « armes à feu »), pour celle de 2019 il est plus difficile de trouver des chiffres précis, mais les postes de police semblent surtout remonter des abandons d’armes blanches, notamment des couteaux et des sabres, mais très peu d’armes à feu.

Cette année, les communications officielles sont particulièrement tournées vers les possesseurs/collectionneurs d’armes anciennes, qui pourraient détenir des armes illégalement, notamment suite aux récents changement de la règlementation britannique qui a modifié le régime de certaines armes de collection.

En France, il existe bien une possibilité pour abandonner une arme au profit de l’État, mais elle n’est pas anonyme et de fait beaucoup de gens qui font des « trouvailles » (héritage notamment), et qui souhaitent s’en débarrasser de bonne foi, ont peur que quelque chose leur soit au final reproché. Ils s’en débarrassent alors par d’autres moyens, au mieux au fond d’une rivière, et au pire elles finissent entre de mauvaises mains. Voir notre article qui liste les différentes possibilités pour se défaire d’une arme détenue illégalement en France. L’UFA demande depuis des années que cette procédure d’abandon puisse être anonyme en France.

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L’affiche officielle de cette opération, cliquez sur l’image pour agrandir.

Et si l’arme abandonnée a servi à commettre un crime ou un délit ?

Les autorités britanniques assurent que les détenteurs ne seront pas poursuivis pour possession illégale d’une arme qui a été abandonnée via ce dispositif. Néanmoins, si l’arme s’avère liée à un délit ou un crime, il va de soi que cela n’entrave pas les poursuites pour les délits ou crimes commis avec ces armes, si tant est que quelque chose puisse les relier clairement à une personne (ADN, empreinte, etc.), puisqu’elles ont été déposées anonymement.

Cela dit, il est de toutes les façons très peu probable que délinquants ou criminels se débarrassent de leurs armes de cette façon... Et ce n’est clairement pas le public visé par les autorités.

Et pour les armes détenues légalement, devenues subitement illégales ?

Pour les britanniques, il y a plusieurs cas de figure :

  • Soit l’arme était libre avant et passe sous un régime plus strict, dans ce cas le propriétaire peut soit l’abandonner via le plan national d’abandon d’armes, soit entamer des procédures pour la détenir légalement (par exemple devenir tireur sportif).
  • Soit l’arme était déjà règlementée, par exemple accessible uniquement aux licenciés d’une fédération de tir sportif, et devient interdite, dans ce cas elle doit être abandonnée...

Pour le deuxième cas, nous pensons tout naturellement à ce qui est arrivé à nos ex full-auto (A1-11) qui étaient détenues légalement, qui ont récemment été interdites, et qui doivent être abandonnées pour destruction ou neutralisées par leur propriétaires ! Cependant, de l’autre côté de la Manche, pour des armes détenues légalement et connues des autorités (armes de chasse et de tir sportif), la loi britannique prévoit que les propriétaires puissent demander une compensation financière.

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Un montant de compensation minimum est fixé par l’Etat selon le type d’arme ou d’accessoire. On peut voir un exemple des compensations minimales prévues dans ce document.

Si une personne estime que son arme ou accessoire a une valeur supérieure à la compensation minimale, il peut fournir des documents prouvant sa vraie valeur (estimation d’un organisme officiel, facture, etc.).

Par exemple, tout comme la France, la Grande-Bretagne a récemment changé le régime des VZ58 MARS, et on peut voir dans leur document qu’une compensation minimale de 1 950£ est prévue par la loi britannique (il s’agit d’une arme vendue à l’origine 2 000£ en Grande-Bretagne).

Notons que ces droits à des compensations ont été mis en place avant le Brexit, de telles choses sont donc envisageables en Europe. Même si cela n’atténue en rien la spoliation subie par les détenteurs légaux d’armes à feu, cela a au moins le mérite de ne pas leur demander en plus d’assumer la totale perte financière ou le coût d’une destruction ou neutralisation, qui peut s’avérer très élevée dans certains cas, et qui n’est pas normale sachant que ces détenteurs ont investi leur argent légalement dans des objets destinés au loisirs.

Rel. L- 25/05/22

 

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