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Comment classer les fusils Daudeteau

vendredi 3 juillet 2020, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA

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Le commandant Louis René-Marie Daudeteau est un inventeur prolifique et autodidacte.

Il est parfois délicat de classer en catégorie C1°§b) ou D§e) des armes dont on ne sait pas vraiment si elles sont ou non d’un modèle antérieur à 1900. C’est l’objet de cet article.

Il y a quatre grandes périodes dans l’histoire des fusils Daudeteau

Période 1 – Les fusils à tir rapide

Le fusil à répétition « perfectionné à tir rapide » dont le développement commence en 1885 est brevetée le 30 juillet 1888.

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Fusil Daudeteau à tir rapide

C’est une arme imposant d’une capacité de cinq coups, chambré pour la cartouche Daudeteau de calibre 7,5 mm.
La culasse mobile est actionnée par un levier d’armement muni d’une forte boule en bois, très pratique mais fragile en conditions adverses, placée sur la droite de l’arme.
L’ensemble des pièces qui forment la culasse se mobilise sur un plan longitudinal, d’avant en arrière, verrouillant et déverrouillant la tête de culasse par l’intermédiaire d’une rampe hélicoïdale. Le chien apparent est armé par le mouvement rétrograde de la culasse.
L’arme fonctionne au coup par coup ou en tir rapide suivant que le sélecteur en forme de clef, placé à droite de la chambre, est orienté vers la crosse ou le guidon.

* Fabriqué entre 1888 et 1890 ce fusil antérieur à 1900 est classé en catégorie D.

Période 2 – Les modèles A et B

Issu du modèle d’essai « 1891 », breveté le 1er décembre 1890, les fusils à répétition modèles A et B sont produits entre 1892 et 1896.

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Fusil Daudeteau modèle A

La culasse mobile du Daudeteau s’apparente au verrou français classique, tel qu’on peut le rencontrer sur les armes en service. Elle porte deux tenons en tête et un renfort latéral.
L’extracteur monté sur le fusil modèle A est solidaire de la tête de culasse et pivote avec elle. En arrière, la tête du chien porte deux petits tenons, entre lesquels vient s’encastrer le levier qui met l’arme à la sécurité. Le mécanisme de percussion revu par les ingénieurs de la S.F.A.P, est d’une grande simplicité, animé par deux ressorts à boudin, ceux du percuteur et de la gâchette. L’alimentation de cette arme est assurée par un magasin, solidaire du pontet, d’une capacité de 5 coups et approvisionné par un chargeur non introduit.
Pour éviter les enrayages et les risques de double alimentation, le Commandant Daudeteau a intégré au magasin un ressort distributeur qui retient les cartouches vers le bas tant que le levier de culasse n’est pas rabattu. En abaissant le levier de manœuvre sur la droite, on efface cette pièce, qui libère les munitions et met la cartouche supérieure en contact avec le verrou. Elle est désormais prête à être introduite dans la chambre, après l’éjection de l’étui de la cartouche tirée. Un levier de sûreté est fixé sur la gauche de la boîte de culasse, muni d’une came, il vient à volonté se placer entre les deux petits tenons correspondants sur la tête du chien. Lorsque le levier est en position basse, l’arme est prête à faire feu. Relevé, il immobilise le chien lorsque l’on presse la détente. En position horizontale, il efface l’arrêtoir de culasse et autorise le démontage.
Le modèle B est très proche du modèle A. Mais l’extracteur du premier type, qui a fait l’objet de quelques critiques, a été modifié lors des tracés réalisés pour le dépôt de brevet de mars 1894. Monté sur un collier, il est maintenant indépendant des mouvements de rotation du verrou.
La mise en place de ce nouvel extracteur a modifié la tête de culasse et la vis du renfort du cylindre a disparu.

* Fabriquées entre 1892 et 1896, ces armes antérieures à 1900 sont classées en catégorie D.

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Pour plus d’informations lire : Le fusil Daudeteau par Jean-Pierre Bastié, éditions Crépin-Leblond 2017. Le commander.

Période 3 – Le fusil Mauser-Daudeteau1871/94 ou fusil Dovitis

En 1888, l’adoption par l’Allemagne d’un nouveau fusil répétition, en calibre 8 mm, déclasse définitivement les armes du système 1871, chambres en 11 mm.

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Fusil Daudeteau modèle B

Rachetées à bas prix par les marchands de surplus européens, ces armes figurent jusqu’à la Grande Guerre dans leurs catalogues. C’est à eux qu’Antonio De Dovitiis, tailleur de son état et dirigeant d’une vaste entreprise de fournitures militaires rachète en 1894, quelques dix mille armes d’épaules, fusils et carabine, du système Mauser 1871.
Leur transformation est confiée à la Société Française d’Armes Portatives de Saint-Denis.
Les armes réceptionnées sont démontées, et l’on ne conserve du fusil d’origine que quelques garnitures, le boitier de culasse et son verrou ainsi que le mécanisme de détente. Les canons commandés à la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne,
sont ajustés au filetage des boitiers de culasse Mauser. Ils portent les mêmes instruments de visée que le fusil modèle B. La crosse, taillée aux standards de la SFAP, est creusée sur la gauche d’un long canal destiné à la baguette, et porte sur la droite, les évidements nécessaires à la mise en place des ressorts de la grenadière et de l’embouchoir. La modification entraîne la suppression du battant de bretelle, fixé‚ au pontet, remplacé par un battant de crosse.
Le Mauser-Daudeteau est le premier fusil moderne, adopté par l’Uruguay, mais l’absence de système de répétition sur cette arme, entraîne rapidement son remplacement et l’achat de nouveaux fusils en Europe.

*Fabriqués en Allemagne à partir de 1871 et transformés en France en 1894 ces armes antérieures à 1900 sont classées en catégorie D.

 

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