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Armes à haute valeur historique ou patrimoniale données aux musées

samedi 18 novembre 2023, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA (publié initialement le 2 janvier 2023)

Le 14 novembre 2023, dans le prolongement de l’opération nationale d’abandon simplifié d’armes à l’Etat, le Service Central des Armes et Explosifs (SCAE) organisait, en lien avec le Musée de l’Armée, une présentation des armes qui, en raison de leurs caractéristiques techniques, historiques ou patrimoniales, pourraient enrichir les collections de musées.

Dans cet article, vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

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A gauche le commandant Bertrand Boittiaux chef du bureau expertise du SCAE, à côté, Jean Pierre Bastié le président de l’UFA. Photo prise en janvier 2023 dans un SGAMI, lors du trie des armes d’intérêt patrimonial.


L’opération nationale d’abandon d’armes, rappelons-le, avait en 2022 permis aux services de l’État de collecter plus de 150 000 armes à feu. A l’origine, toutes les armes devaient être détruites. Mais grâce aux démarches de l’UFA, de la Tribune de l’Art et de la bienveillance du SCAE, une solution a été trouvée pour sauvegarder les armes à haute valeur historique.
Dans une démarche de conservation du patrimoine historique français, et plus largement du patrimoine armurier, les experts du SCAE et du Musée de l’Armée, se sont rendus, dès la fin de l’opération, sur les lieux de centralisation des armes abandonnées afin d’identifier celles qui pouvaient être préservées, au regard de leur rareté ou de leur importance dans l’histoire nationale ou locale.

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Plus de 1 000 armes étaient présentées au sol en attendant qu’un conservateur de musée public ou privé fasse son choix. Une commission d’attribution départagera les musées demandeurs en cas de choix identique. Désormais cette opération se déroule sous l’égide du Musée de l’Armée et les armes sont remises gracieusement aux musées.

Une sélection de ces armes a été présentée le 14 novembre dernier. Un millier d’armes quand même, soit les deux tiers des armes préservées. Le but était d’inviter les musées intéressés à se faire connaître. Dans un second temps, une commission d’attribution examinera l’ensemble des demandes de conservation de ces armes et décidera de leurs attributions dans les collections de musées nationaux, régionaux ou locaux.
L’exposition de ces armes s’est déroulée en marge du salon Milipol au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte.
Nous sommes arrivés sur place parmi les premiers dans le cadre du point presse et après un passage obligé sur le point de contrôle, nous avons pu accéder à la salle dédiée à cet évènement attendu.
Attendu depuis de longs mois, puisque cette présentation d’abord programmée en mars 2023 a été reportée à plusieurs reprises en regard de l’actualité.

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Jean-Simon Mérandat, directeur du SCAE, a demandé à Philippe Couvreur, membre de l’équipe expertise et ancien journaliste, de parler de quelques armes sauvées

Le salon Milipol qui se tenait au parc des expositions à Villepinte, consacré à la sécurité intérieure des États et parrainé par le ministère de l’Intérieur français, était le site idéal pour organiser cette présentation.
Le SCAE et le musée de l’Armée avaient mobilisé leurs équipes pour accueillir les participants et assurer la sécurité d’une présentation digne d’un musée, tant par la quantité que par la qualité des pièces exposées.

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Le général Henry de Medlege, directeur du Musée de l’Armée, a fait une intervention pleine de cœur. Il place l’arme en tant que témoignage d’une histoire à délivrer dans les siècles futurs.

Compte tenu du volume d’armes collectées, les experts avaient eu le choix et ils n’ont gardé que des pièces en bon état de conservation.
La très grande majorité des objets exposés était des armes à feu, mais on trouvait aussi quelques rares armes à air comprimé, des lance-fusées et une douzaine d’armes blanches.
Les armes à feu étaient surtout des armes portatives, pistolets, revolvers, fusils civils et militaires et pistolets-mitrailleurs. Mais on trouvait aussi quelques armes collectives : mitrailleuses ou fusils-mitrailleurs, avec en particulier une mitrailleuse Hotchkiss, deux Chauchat, un Bren en boite d’origine avec tous ses accessoires et une MG42 allemande de la seconde guerre mondiale.
Les armes étaient présentées par époque et par pays d’origine avec, il faut le dire, une forte prédominance du 20ème siècle et des origines étrangères affichées. Rien d’étonnant si l’on considère que les deux guerres mondiales ont brassé énormément de matériels et qu’entre les reliquats des parachutages et la récupération des armes abandonnées par l’occupant en 1944, les greniers des français regorgeaient d’armes à la fin des années 40.

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Le musée de l’Armée a jeté son dévolu sur cet émouvant Rast Gasser austro-hongrois mle 1898.
Ce revolver comporte l’inscription « Souvenir de l’attaque de Saint-Mihiel le 10 septembre 1918. » Sa dragonne fixée à l’anneau de calotte est faite avec des brandebourgs d’une pelisse de hussard complétée par une attache de bidon allemand. Avec 11 divisions allemandes, une seule division austro-hongroise s’abritait dans des tranchées bétonnées.
Cliquez pour lire le marquage

Un instantané des greniers de France

Cette exposition éphémère, destinée à être partagée entre les musées sur l’ensemble du territoire national, est une sorte d’instantané de tout ce que l’on pouvait trouver hier encore enfoui au fin fond des greniers et des caves de nos compatriotes.

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Jean Pierre Bastié examine une USM1 dont le bois comporte un marquage au couteau « Hell » ce qui signifie « enfer ». Devant cette gravure malhabile, on devine ce que son propriétaire a vécu.

Un catalogue de cet inventaire à la Prévert a été édité par le SCAE pour les musées qui souhaitent bénéficier d’une partie de ces armes.

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Il rassemble des armes très disparates allant du pistolet à silex ancien régime au MAC 50 en passant par un ensemble d’armes de tous les pays ayant participé aux deux conflits mondiaux : France, Grande-Bretagne, Japon, Etats-Unis, Allemagne, etc.
Ces armes vont bientôt prendre la route des musées. Une quarantaine de délégations étaient sur place, sur la soixantaine de musées qui ont fait part de leur intérêt pour entrer en possession d’une partie de ces armes.

Une manne pour les musées petits et grands

Certains conservateurs avaient parcouru plusieurs centaines de kilomètres pour se positionner sur des lots que l’État va distribuer à titre gracieux en fonction des décisions qui seront prises bientôt par la commission d’attribution. Il est probable que plusieurs établissements souhaiteront les mêmes armes, c’est la commission qui tranchera en fonction des thèmes et de l’importance des collections des musées demandeurs.
Le Musée de l’Armée pour sa part a déjà préempté les pièces historiques les plus évocatrices du passé militaire de la France qui manquaient à ses collections.
Mais compte tenu du nombre considérable d’armes à redistribuer, 1 516 au total, on peut imaginer que tout le monde y trouvera son compte. Il est à noter que de nombreux musées disposent d’autorisations pour détenir des armes de catégorie A et B, ainsi il ne sera pas forcément nécessaire de neutraliser ces armes avant de les mettre en exposition.

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Ont aussi été abandonnées des armes de collection des XVIII et XIXème siècles, de nombreux revolvers 1873, etc.

L’action de l’UFA

L’UFA est fière d’avoir contribué au sauvetage de nombreuses armes.
Déjà, pendant le plan national d’abandon d’armes, en informant correctement les détenteurs sur la règlementation des armes : notamment sur le fait que certaines armes n’étaient ni à déclarer, ni à abandonner, car libres de détention (catégorie D, ou cas spécifiques).

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Mais aussi en informant sur le fait qu’il était possible de déclarer les armes plutôt que de les abandonner. Force est de constater que cette opération de communication de l’UFA a été utile, car notre site a enregistré un record de visites durant cette période.
Après la collecte nationale, nos nombreuses demandes, notamment par courrier au Président du Sénat et au Ministre de la Culture, mais aussi à différents parlementaires, ainsi que nos échanges avec le SCAE, ont porté leurs fruits puisque des armes abandonnées et destinées à la destruction ont finalement été sauvées pour rejoindre les collections des musées.
Ces actions pour préserver des armes à haute valeur historique ou patrimoniale sont en totale conformité avec les statuts de l’association, démontrant ainsi notre engagement continu envers les missions et les valeurs fondamentales de l’UFA.


Excellente vidéo de Maitre Luger que nous avons rencontré sur place. Elle résume tout en 4mn. Chapeau !


Sur le site de l’UFA :
- ARMODROMES : Des millions d’euros à la ferraille ;
- La rubrique sur l’opération nationale d’abandon d’armes ;
- Nos courriers au Ministre de la Culture et au Président du Sénat sa réponse ;
Ce qu’en dit la presse :
- Le figaro du 15 novembre 2023 ;
- Ouest france du 15 novembre 2023
- Chassons.com :
- L’actualité de la Gendarmerie Nationale : Gendinfo ;
- Article de la Tribune de l’art de Didier Rykner qui a été lanceur d’alerte auprès du Musée de l’Armée ;
- BFMTV.com ;
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Ce Luger P08 a été conservé avec l’autorisation de port d’arme délivrée en 1955 à un militaire d’Algérie.
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Publié initialement le 2 janvier 2023 ; cet article avait été modifié le 21 septembre 2023, puis le 17 novembre 2023 pour sa version actuelle.
Rel. LV-30/11/23

 

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