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Actualité
Un collectionneur compulsif
Quand la porte du hangar s’ouvre à cause du vent !
jeudi 21 septembre 2017
Dans son édition du 21 septembre, le « Parisien » signale à ses lecteurs la saisie de plusieurs milliers d’armes [3] chez un collectionneur de la région lilloise, présenté par ce quotidien comme un « collectionneur compulsif » [4].
Un coup de vent
L’affaire a commencé quand une porte de hangar, qui s’était ouverte sous l’effet du vent, a dévoilé aux yeux des voisins la collection d’armes qui y avait été entreposée. Il y a eu bien sûr une bonne âme parmi ces braves gens pour en rendre compte immédiatement à la Gendarmerie (selon le bon vieux principe militaire « rendre compte ce n’est pas moucharder »). Comme quoi les décennies passent, sans que les bonnes vieilles habitudes de dénonciation, qui ont empli les bureaux de la Gestapo de lettres anonymes entre 1940 et 1944, soient perdues chez certains de nos compatriotes !
- Ces mitrailleuses "antiques" sont malgré tout classées en catégorie A et doivent être neutralisées.
Peut-être les voisins ont-ils simplement craint pour leur sécurité, car la collection comprenait de nombreux obus de fouille et autres engins explosifs dont certains, d’après la Gendarmerie, n’avaient pas été vidés de leur matière explosive !
- Les explosifs sont toujours dangereux, le collectionneur aurait dû les remettre au déminage. En haut à droite, dans la caisse cloisonnée, on voit trois projectiles de mortier Stokes, très délicats à manier quand ils ont été tirés.
Des armes de guerre !
La présence de tels engins chez un particulier paraîtra sans doute incompréhensible au citadin habitant l’Ile de France qui lira « le Parisien ». C’est pourtant une chose banale dans certaines régions, comme le Nord ou l’Est de la France, qui ont été de véritables champs de bataille au cours des deux guerres mondiales. Des déluges d’obus de bombes et autres engins de mort sont tombés sur leur territoire. Beaucoup d’entre eux se sont enfoncés dans le sol sans éclater et seront encore retrouvés pendant des siècles à l’occasion de travaux, de fouilles ou même par des habitants faisant leur jardin. A l’issue des combats, les armes des morts et des blessés sont restées dans les habitations évacuées par la troupe. D’autres ont été abandonnées en pleine nature et les habitants les ont ramassées après la guerre, pour éviter qu’elles n’occasionnent des accidents.
Si l’on considère qu’un collectionneur aujourd’hui âgé de 65 ans est né en 1952 soit huit ans seulement après la Libération, cet homme a vu dans la plupart des greniers et des caves de son village des armes abandonnées, auxquelles personne ne prêtait particulièrement attention. Au fond de chaque champ, il y avait aussi souvent un tas d’obus et de ferrailles diverses que les habitants avaient exhumés en bêchant ou en labourant leur terre. C’était si banal et le nombre des découvertes était tellement important, que les services de déminage ne savaient plus où donne de la tête et ne trouvaient pas toujours le temps de venir les récupérer quand les habitants se donnaient la peine de leur signaler ces trouvailles si banales.
- Bien entendu que cet obusier aurait dû être neutralisé. Mais il est inopérationnel pour délinquant en raison de son obsolescence.
- Ces armes d’épaule sont toutes en catégorie C déclarables ou D§e) collection donc libres à la détention.
Des objets familiers
Un individu qui a passé son enfance dans cette ambiance, et qui a vu des adultes de son entourage collectionner le matériel militaire, tout en étant considérés par tous comme d’honorables citoyens, a toute les chances ou tous les risques de céder un jour lui aussi à cette passion. Il récupérera sans penser à mal un fusil trouvé dans un grenier puis on en récupérera un second puis dix, puis cinquante et ce sera souvent la même chose avec les obus et les grenades.
A partir d’un certain nombre de pièces, il en viendra à se passionner pour les subtiles variantes que l’on découvre d’une pièce à l’autre et il les accumulera de façon « compulsive », sans même se rendre vraiment compte qu’il s’est placé hors de la loi, car chacun sait que « quand on aime, on ne compte pas ».
La quarantaine de beaux fusils à verrou des deux guerres mondiales étalés sur une table, que montre l’une des photos publiées par « Le Parisien » représente des armes de catégorie C : donc, rien de bien méchant, si ce n’est que ce collectionneur avait malheureusement négligé de les déclarer. Sur la même table, on distingue également un pistolet-mitrailleur allemand MP40. Si l’arme n’a pas été neutralisée dans les règles, elle est classée en catégorie A et ça, c’est plus ennuyeux ! Il en va de même pour les mitrailleuses qu’elles soient lourdes ou légères, les mortiers et les engins explosifs qu’ils soient ou non neutralisés [5].
- Ces mitrailleuses "antiques" sont malgré tout classées en catégorie A et doivent être neutralisées.
Le ciel lui est tombé sur la tête
Ce pauvre collectionneur, qui avait un emploi stable et pas de casier judiciaire, devait se considérer comme un citoyen sans reproche, ayant juste un jardin secret qu’il préservait discrètement. Le ciel a dû lui tomber sur la tête quand ses trésors ont été saisis et qu’il a passé 24 heures en garde à vue à la Gendarmerie avant heureusement d’être remis en liberté, du fait qu’il n’avait aucun antécédent judiciaire !
Le Gendarme, qui a été interrogé par le journaliste du Parisien, a résumé cette affaire avec beaucoup de bon sens « Comme souvent les gens ne se rendent pas compte de ce qu’ils font : pour lui, c’était normal et pas dangereux, mais certaines munitions ne sont pas démilitarisées et pourraient potentiellement exploser ».
- Il fallait juste se baisser pour ramasser des armes et équipements abandonnés en 1940.
Malgré l’évidente compassion que nous éprouvons pour ce collectionneurs, il nous faut rappeler les trois points suivants :
les armes automatiques (pistolets-mitrailleurs, mitrailleuses) ne peuvent être détenues qu’après avoir été neutralisées selon les normes en vigueur. Mais il faut reconnaitre qu’avec ce que nous promet l’Europe, c’est difficile.
les engins explosifs et les projectiles d’un calibre supérieur à 20mm sont classés en catégorie A, même s’ils sont neutralisés. Leur collection est donc interdite,
les armes d’épaule d’un modèle postérieur à 1900 (ainsi que celles d’un modèle antérieur à 1900 mentionnées dans la liste des armes à dangerosité avérée) doivent faire l’objet d’une déclaration en préfecture. Mais aucune possibilité légale n’existe aujourd’hui !
Une réglementation à respecter
La réglementation actuellement en vigueur a prévu que seules trois catégories de personnes majeures pouvaient être autorisées à détenir des armes de catégorie C :
les tireurs licenciés de la FFT,
les titulaires d’un permis de chasser,
les titulaires d’une Carte du Collectionneur.
Sur ce dernier point, le journaliste du Parisien qui a couvert cette affaire a fait preuve sans le savoir de beaucoup d’anticipation en présentant la personne qui détenait ces armes et ce matériel, comme un « collectionneur patenté ».
A la différence de ce qui existe dans beaucoup de pays voisins (Belgique, Allemagne Suisse, Pays-Bas, Grande-Bretagne, pour ne citer qu’eux), il n’existe aucun « collectionneur patenté » en France à ce jour. En effet, la Carte du Collectionneur, était prévue par la loi de 2012. Mais au bout de 5 ans, les décrets d’application n’ont toujours pas été pris. Il est urgent que cette situation évolue, car actuellement, les autorités portent une lourde responsabilité d’empêcher les détenteurs d’armes de catégorie C de se mettre en règle lorsqu’ils ne sont ni chasseurs ni tireurs licenciés !
Les vestiges des conflits
- Collecte des armes en août 1918 à Albert dans le nord.
Par ailleurs, beaucoup d’armes abandonnées après les combats n’ont jamais été enregistrées [6] et, lorsqu’elles arrivent entre les mains d’un collectionneur, ce dernier ne dispose d’aucun moyen administratif pour légaliser sa situation : il est donc contraint par l’absence de texte de rester dans l’illégalité.
En conclusion, nous voulons bien admettre que ce collectionneur a été très négligent et très imprudent, il n’en reste pas moins que cet homme n’a ni volé, ni racketté, ni tué, ni violé et que sa passion ne nuisait pas à ses voisins. Espérons donc que la justice sera clémente avec ce passionné égaré, dont la principale erreur est de n’avoir pas réparé à temps la porte de son hangar !
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Pour pêcher une MP 40 dans un étang il utilise un aimant !
Un petit groupe de collectionneurs qui se font saisir leur collection. Mais les gendarmes reconnaissent : "Il ne s’agit pas d’un trafic comme on peut en voir dans le 93 et le 94, précise un officier de police. Nous sommes en présence de trois passionnés, des tireurs sportifs, des collectionneurs, des gens qui aiment les armes. Cela n’avait rien de mafieux, ils ont franchi la ligne rouge."
Liens : France 3 régions, www.20 minutes, Facebook.comgendarmerie. |
[1] Comme toujours,lorsqu’il est question d’armes, l’article contient quelques perles : « on a découvert des mitraillettes lourdes » rapporte le journaliste. Les « mitraillettes lourdes » semblent en réalité être les deux mitrailleuses allemandes MG 34 et MG 42 montées sur leur affût « Lafette ». Ce montage sur affût trépied changeait effectivement l’appellation de l’arme dans la nomenclature de la Wehrmacht : une mitrailleuse MG 34 ou 42 sur son bipied étant considérée comme une « mitrailleuse légère » (« leichtes Maschinengewehr »), alors qu’une fois montée sur son affût trépied, elle était appelée « mitrailleuse lourde » « ( schweres Maschiengewehr »).
[2] C’est à dire : " irrésistiblement poussé à accumuler un certain type d’objets " . Il serait possible d’ergoter sans fin sur cette appellation, mais à nos yeux c’est une sorte de pléonasme car tout collectionneur possède fatalement un tempérament plus ou moins compulsif !
[3] Comme toujours,lorsqu’il est question d’armes, l’article contient quelques perles : « on a découvert des mitraillettes lourdes » rapporte le journaliste. Les « mitraillettes lourdes » semblent en réalité être les deux mitrailleuses allemandes MG 34 et MG 42 montées sur leur affût « Lafette ». Ce montage sur affût trépied changeait effectivement l’appellation de l’arme dans la nomenclature de la Wehrmacht : une mitrailleuse MG 34 ou 42 sur son bipied étant considérée comme une « mitrailleuse légère » (« leichtes Maschinengewehr »), alors qu’une fois montée sur son affût trépied, elle était appelée « mitrailleuse lourde » « ( schweres Maschiengewehr »).
[4] C’est à dire : " irrésistiblement poussé à accumuler un certain type d’objets " . Il serait possible d’ergoter sans fin sur cette appellation, mais à nos yeux c’est une sorte de pléonasme car tout collectionneur possède fatalement un tempérament plus ou moins compulsif !
[5] Afin de décourager la récupération d’obus et de grenades de fouille, dont notre territoire regorge et de prévenir les accidents liés aux tentatives maladroites de neutralisation ou à leur expédition, la loi française a interdit en effet toute détention d’engin explosif d’un calibre supérieur à 20mm, même neutralisé.
[6] Dans les régions où se sont déroulés de violents combats, il est encore courant qu’une vieille dame vienne voir un voisin de confiance pour lui demander de débarrasser sa cave de « choses » que son défunt mari avait gardées depuis la Libération 1944 et qu’elle ne veut plus voir chez elle ! La dernière « chose » de ce genre dont un de nos amis a récemment dû débarrasser une de ses gentilles voisines, était une caisse de grenades Mills provenant des parachutages faits à la Résistance !