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Cartouches : cigarettes ou munitions ?

mardi 28 novembre 2023, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

Dans quelques temps, dans une boutique PMU-française des jeux-tabac-journaux, à côté des chewing-gums, du relais colis et du « snacking », les cartouches de chasse pourront cohabiter.

L’ouverture est prévue début 2024 [1], il s’agit de constituer des points de ventes locaux au plus près des chasseurs démunis de munitions en ruralité du fait de l’éloignement de leur armurier.
« Avec des zones de chalandise de plus en plus grandes et des armureries qui se recentrent de plus en plus, l’idée est de permettre aux chasseurs de pouvoir accéder à des cartouches de chasse à proximité de chez eux. La distribution des munitions sera assurée par l’armurier le plus proche du bureau de tabac » (cf. interview du directeur du SCAE).
Il faut dire que certains armuriers cumulent déjà la fonction tabac, pour eux, rien ne sera changé.

Les 23 000 tabacs représentent un maillage du territoire qui permettra de « limiter les déplacements pour l’acquisition de munitions de chasse », et fera baisser, dans le même temps, « la vente par voie postale, source de problématiques récurrentes »,

Le porte-parole des buralistes indique : « Ceux qui seront autorisés à vendre ce produit sensible seront choisis « en fonction des besoins et en respect du maillage territorial des armuriers ». « Le réseau des buralistes devra se former... »
A noter que la récente modification du 3 juillet dernier de l’article R313-4 du CSI prévoit déjà la formation de ceux qui effectueront la « Vente exclusive de munitions et éléments de munitions relevant des catégories C et D ». Le but de ces « certifications allégées » d’une durée de 2 jours, est d’obtenir du préfet l’agrément d’armurier et l’autorisation d’ouverture de local après avis du maire de la commune.
Le vendeur devra s’assurer que les munitions ne sont pas accessibles directement par les clients, et il devra vérifier « le titre d’acquisition de l’acheteur », comme un permis de chasser ou une licence de tir.

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La sécurité

La rumeur courait déjà sur certains réseaux sociaux, les débits de tabacs seront autorisés à revendre de la munition de chasse en partenariat avec des armuriers de proximité. On ne sait rien à priori du niveau de sécurité requis dans les stockages en point de vente buraliste, ni même des calibres autorisés à la vente sachant que par munition de chasse, cela comprend les catégorie C8, C7 et C6.

Cela va sans doute motiver et attirer de nouveaux malfaisants, non-fumeurs ou pas, uniquement attirés par le tabac. Les buralistes se font souvent braquer, jusqu’à présent, c’était pour des cartouches de cigarettes, espérons qu’à l’avenir ce ne sera pas pour des cartouches permettant de compléter le vol d’armes au domicile des chasseurs. Mais il est vrai que cela diminuera peut-être le stock du chasseur et tant que les buralistes ne vendent pas du 7.62x39 pouvant charger les kalashnikovs, les malfrats seront certainement moyennement intéressés par ces calibres d’armes de chasse ...
Fin 2022, TF1 a consacré une enquête dont le titre annonce déjà la couleur : Buralistes : une cible de choix pour les braqueurs … surtout à la campagne . On y apprend qu’en zone rurale, les cambriolages des tabacs ont augmenté de 15 % avec 4 cambriolages par semaine en zone rurale.

Une nouveauté qui n’en est pas vraiment une

Rappelons que dans un passé pas si lointain, c’était déjà le cas. Il est dommage que ce soit la disparition des petites armureries de campagne qui recrée ce besoin. Les textes se sont complexifiés sérieusement et les gammes se sont étoffées depuis la fois précédente. Les vendeur de munitions suivront deux jours de formation axées essentiellement sur l’aspect juridique de cette activité.
Et en milieu rural il y a déjà les LISA [2] qui ont des rayons de chasse complets à l’exception des armes à feu, ils suivront la même formation que les buralistes.

Une précision qui ne semble pas inutile au vu de certaines réactions : cela ne change rien au juridisme de la vente de ces munitions de catégorie C.

Pour conclure, s’agit-il d’une ouverture sur un nouveau marché pour les buralistes ? Car d’autres tâches pourraient les concerner comme apporter une aide de proximité pour la gestion du SIA, comme tout autre problème lié à l’illectronisme. Et puis, qui sait, sortir les munitions d’un circuit fermé pourrait contribuer à dédiaboliser le monde des armes et lui permettre de retrouver une place normale, une fois les anti-chasses/armes apaisés.

Interview de Jean Simon Mérandat chez les chasseurs.
- Les médias en ligne : Chassons.com - BFM TV - BFM Business - Le Figaro économie - HUFFPOST -

Rel. LV-30/11/23

 

[1Si le directeur du SCAE parle du 1er janvier 2024, le porte-parole des buralistes nuance et évoque plus le 1ertrimestre 2024.

[2Libre Service Agricole, type Gamm Vert.

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