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Réflexions pour tirer des munitions sans plomb !

mardi 21 juin 2022, par René Mazzierli

Face à la volonté de la Commission européenne de généraliser l’interdiction des munitions à base de plomb (elle doit entrer en vigueur en 2023), dans la continuité des articles de notre rubrique sur cette problématique, examinons les alternatives au plomb. Les avantages seront-ils supérieurs aux inconvénients ? il est permis d’en douter.

Nous avons, je pense, tous consommé des quantités plus ou moins importantes de gibier prélevé avec du plomb et nous n’avons ni saturnisme, ni problème de santé. Sauf peut être, pour quelques-uns, une dent cassée qui est venue croquer un plomb ?

Les alternatives au plomb

Le problème est que le métal principal utilisé pour remplacer les balles plomb + cuivre ou acier doux + plomb n’est autre que le cuivre.
D’une part ce métal devient rare et donc cher voir très cher, d’autre part il est soluble dans l’eau.
Cela signifie que du cuivre dans l’eau s’oxydera, dégageant de l’oxyde de cuivre : mauvais pour la santé sauf erreur !
Par ailleurs, le sang est très oxydant pour les métaux, plus que l’eau. Le cuivre étant un métal, vous avez deviné ce qui va en découler : un autre type de pollution de la venaison par les éclats.

Certains disent : « non les balles monométalliques ne fragmentent pas ou très peu » vrai ou faux ? En fait vrai et faux : cela dépend de la zone touchée (gros os), de l’animal tiré (différence entre un sanglier et un chevreuil) et la balle utilisée.
D’autres considèrent que les balles en laiton sont à moindre risque, je dirais que tout métal contenant du cuivre sera dans ce cas, à plus ou moins brève échéance (gibier au congélateur).

Les pays Nordique qui ont supprimé le plomb à la fin des années 90, sont en train de faire marche arrière car ils trouvent de plus en plus d’oxyde de cuivre dans l’eau.
Un fabricant, Norma pour ne pas le citer, est vent debout contre l’utilisation des balles cuivre, mais est obligé d’en produire pour ne pas mettre la clé sous la porte.

Au final comme d’habitude des décisions sont prises par des gens qui ne se renseignent pas plus que ça, survolent le sujet et font des lois qui n’apportent rien ou déplacent le problème dans le temps.

Un choix restreint

Les seuls métaux que je sache (je peux me tromper) qui pourraient remplacer le plomb sont l’étain, et le bismuth.
Une autre solution serait un composé de résine mélangé à de la poudre de carbure de tungstène et l’insert emprisonné dans l’arrière d’une balle en H avec de l’étain sur la partie avant ou directement un petit cylindre de carbure toujours dans une balle en H, le carbure étant très lourd.
Il y a d’autres pistes, je ne vais pas les énumérer, celles indiquées sont les plus probables pour les manufacturiers.
Je m’interroge : les manufacturiers sont obligés de revoir toutes leurs chaines de production, pourquoi ne sont-ils pas passé directement à l’étain qui remplacerait avantageusement le plomb et provoquerait une moindre usure des canons ?
Autre problème, le cuivre est moins malléable que le plomb. Quand la balle mono prend les rayures, elle coince bien plus qu’une balle plomb qui se prête bien mieux à la prise d’empreinte des rayures.

Dommage que les chasseurs ou tireurs qui ont un peu de savoir et d’expérience sur le fait ne participent pas au débat sur le sujet. Peut être qu’un jour on pensera à associer les utilisateurs ...

Bien choisir sa balle mono.

J’ai travaillé sur le sujet durant le confinement COVID et après. Avec un laser dimensionnel, prêté par un ami usineur, et deux palmers numériques un à touche en vé et l’autre plate. Ces trois appareils donnent des valeurs au micron.
J’ai pu m’apercevoir des dérives sur les dimensions de diamètre et du respect tout cela avec les tolérances évidemment.
Les mesures ont porté sur plusieurs balles : GMX, HIT, TTSX, GPA, SAX, Hasler H, LOS, Hammer Hunter, Pérégrine, Cutting edge bullet …
Celles avec le moins de dispersion dans les valeurs relevées sont dans l’ordre :
les SAX, Hammer H, les Hasler, Cutting edge bullet, Pérégrine, GPA, HIT, TTSX, LOS, GMX …
Bien sûr nous parlons en microns. Mais, au final, 4 microns par ici, 6 microns par-là : votre canon n’aimera pas !
De plus je recharge depuis 1979 et actuellement même les balles que j’utilise pour le tir longue distance sont toutes mesurées, pesées et triées. Le constat est éloquent, seul un tiers passe l’examen (36%).


Autre point important le nombre de munitions tiré par an.
Un chasseur qui se cantonne au réglage début de saison et un nombre limité de tir par saison, va arriver au max à 40 munitions de tirées, même avec des monos l’arme va faire au moins 30 ans, si ce n’est pas plus. Mais pour un chasseur assidu, un tireur régulier ? Sans compter le nettoyage et désencuivrage obligatoire au moins une fois l’an si peu de balles
de tirées sans quoi ce sera plus souvent en général toutes les 30 balles voir moins.

Dans tous les cas le choix de la munition vous revient

.
Ci-dessous la configuration technique d’un canon.

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Un choix qui vous appartient de faire si vous voulez tirer ce type de balle.
D’ailleurs, pour ne pas se tromper, certains fabricants d’armes commencent à faire des canons spécifiques pour ce type de balles qui nécessitent plus de vol libre et surtout montent plus vite en pression (cela rejoint mes propos précédents sur la malléabilité).

Les balles qui forceront plus :

La plupart des monos forceront bien plus dans vos canons. En effet la partie cylindrique la plus grosse de la balle va aller forcer en fond de rayures, sans parler du sommet des cloisons.

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Les balles qui forceront moins :
Les balles qui ne forceront pas plus que les balles plomb, voire moins, sont les balles monos avec des anneaux dessus.
Le corps principal de la balle étant en sous cote calibre, il ne touchera pas le sommet des cloisons. Par contre seuls les anneaux irons en fond de rayures, minimisant les frottements, les contres pression et l’usure canon. Cela permettra moins d’encuivrage, mais plus de pression donc plus de vitesse. Attention au revers de la médaille : plus de vitesse use les canons …

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Il n’y a pas de distinction entre arme de chasse ou de tir, le principe est le même puisque la balle passe dans un canon rayé dans les deux cas.
Que je sache pour la 22Lr il n’y a pas pour l’instant de balle mono, et si c’est le cas le principe reste le même.

Notre rubrique sur le site : Problématique du plomb dans les armes.

 

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