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Article paru dans la gazette des armes 525 de décembre 2019

UE : vers une éradication totale du plomb dans les munitions.

samedi 4 juillet 2020, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

Encore un vieux serpent de mer qui ressort. Alors que l’on croyait que l’idée d’interdiction de munitions à balle de plomb était repoussée aux calendes grecques, voilà que la Commission européenne vient de demander à l’ECHA [2] de préparer une proposition d’interdiction des munitions à base de plomb. Cela toucherait aussi bien l’utilisation à la chasse dans la nature que les tireurs sportifs et leurs installations. Même les accessoires en plomb des pêcheurs seraient impactés.

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Cela fait des années que les encartoucheurs cherchent, sans grand succès, un substitut au plomb. Curieusement, ce ne sont que les munitions civiles qui sont visées, les militaires ne changeront rien à leurs munitions.

Déjà, dans la plupart des « pays développés », l’usage du plomb en « zone humide » est interdit. Notons que, petit à petit, la définition de cette zone a évolué avec les « zones tampons  » qui couvrent à peu près toute flaque d’eau qui peut apparaître après la pluie.

Pas utilisable dans les armes actuelles

Ce radicalisme européen ne tient même pas compte de recherches menées qui mettaient en évidence que, lors de la fabrication des munitions à balle chemisée, les poussières émises par les autres matériaux que le plomb sont tout aussi dangereuses.

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La plupart des armes actuelles sont conçues pour l’utilisation de munitions de plomb. Un projectile de structure différente fausserait tous les calculs de balistique. Pis encore, les pressions obtenues avec des balles à noyau ferreux sont largement supérieures aux 1 630 bars actuels, et beaucoup de canons n’y résisteraient pas. Par ailleurs, à notre connaissance, aucune étude n’a encore été publiée sur les risques d’usure prématurée du canon qui tirerait constamment des projectiles en fer doux avec un mince plaquage de métal cuivreux, comme c’est le cas des projectiles fabriqués dans certains pays de l’Est, mais le phénomène a déjà été mis en évidence depuis longtemps avec les munitions allemandes de la Seconde Guerre mondiale à projectile en limaille de fer compressé, la balle Se (Syntereisen). Cela condamnerait toutes les armes fabriquées au XXe siècle ou avant, à rester bien sagement au râtelier ou dans un musée, ce qui reviendrait à une neutralisation à grand échelle ! Chasseurs et tireurs sportifs seraient ainsi privés de leur sport favori.
L’usure des canons serait très rapide. Il faut aussi penser aux munitions de petit calibre qui sont actuellement toutes fabriquées avec des projectiles en plomb nu ou cuivré.

Mais il faut également penser aux armes anciennes dont l’utilisation deviendrait impossible à l’air libre.

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Grenaille d’acier

Politiques impuissants ?

Bien entendu, compte tenu de l’impuissance politique de l’Union Européenne, ces mesures qui ne visent qu’à pourrir la vie des chasseurs et tireurs européens ne seront pas appliquées à une échelle mondiale et les pays en voie de développement, cibles favorites du trafic d’armes d’État, serviront à épuiser les colossales réserves de munitions à projectiles de modèle ancien à noyau de plomb.

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Grenaille de plomb.

Pourquoi ?

Il s’agit de protéger le bien-être animal et l’environnement.
Il semble surtout probable que la Commission ne se remet pas de sa défaite politique : fin 2019, seuls 7 États membres ont transposé la directive armes. Dans ce contexte, la Commission ne peut pas remettre un tour de vis à la directive alors qu’il reste encore 20 États en retard de transposition. Ce serait alors un nouvel angle d’attaque afin de poursuivre le « désarmement » de notre communauté d’amateurs d’armes.
Pour éviter les polémiques de 2017, la Commission compte faire voter cette interdiction du plomb par le Parlement. C’est la seule institution de l’Europe à être élue. Mais les dés sont pipés car leur décision reposera sur l’ECHA qui ne relève que de la Commission Européenne et qui, bien sûr, n’est pas tenue d’écouter l’opinion des peuples européens.
A noter la rédaction pernicieuse du texte de la Commission rajoutant en 3 mots other than wetlands l’extension de leur projet d’interdiction à l’intégralité des territoires de l’UE.Et nous qui pensions vivre dans une démocratie !
Heureusement que la procédure européenne sera longue, il n’y a pas lieu de paniquer immédiatement, juste de rester vigilants et mobilisés pour passer à l’action le moment venu ; « Firearmes United », auquel nous adhérons, surveille le dossier de très près...

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Point de vue
La suppression « totale » du plomb dans les munitions, équivaudrait à une neutralisation par défaut de toutes les armes antérieures. Il y aurait aussi l’impact sur les clubs en terme d’infrastructures, la disparition de certaines disciplines comme la poudre noire alors qu’un certain regain d’intérêt se fait justement jour suite aux derniers championnats européens. Mais aussi le bazar pour les rechargeurs et le hasard des nouvelles contraintes « pyrotechniques » et mécaniques si ce n’est même l’accroissement de dangerosité à l’impact avec des projectiles acier...
Cependant des paliers « rationnels » et une désescalade progressive, adaptée sur le moyen-long terme autre que ce genre de diktat pondu des hautes sphères sous des prétextes de circonstances fallacieux... Il y a par exemple déjà les balles en laiton tourné de la firme française TPM pour les armes longues, la chasse, des récupérateurs « pièges à balles » dans les clubs : on peut bien envisager de bâcher ou re-daller les abords des futurs pas de tir etc... Il faut surtout se garder de tomber dans l’aberration législative fébrile, immédiate.
A noter que certains clubs de tirs font dépolluer leurs installations gratuitement par des société spécialisées qui se payent sur les métaux récupérés.

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Obus de mortier immergé.



Tout cela ressemble à un mauvais procès.
On sait qu’il y a des milliers de tonnes d’obus ou autres explosifs enterrés sur les anciens champs de batailles, stockés, ou immergés en mer du Nord. Comme de telles quantités sont ingérables, on va quereller les sportifs pour quelques grains de plombs. C’est aussi déséquilibré qu’un contrôle de vitesse au bout d’une grande ligne droite.
L’UE ferait mieux de concentrer son énergie à faire dépolluer les mers de ces munitions que d’interdire les balles de plomb dans les installations parfaitement maîtrisées des stands de tir.

- Communiqué de presse de la FACE (Fédération Européenne de chasse et Conservation de la Faune Sauvage).
- Voir le site de l’ECHA (European Chemicals Agency).
 

[1Agence Européenne des produits chimiques

[2Agence Européenne des produits chimiques

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