Accueil > Dossiers > Le SIA : Service d’Information sur les Armes > SIA : Tireurs/chasseurs et fracture numérique
Le passage du monde des armes vers l’univers numérique est une excellente étape pour la majorité des usagers. Mais c’est malheureusement un stress supplémentaire pour les personnes qui, en fonction de leur âge, de leurs choix de vie ou d’éléments strictement techniques ne vont pas pouvoir créer leur compte SIA pour accéder à leur râtelier numérique.
La fracture numérique a déjà fortement impacté les professionnels de la chasse et du tir. Tous n’étaient pas équipés en matériel informatique et certains n’avaient pas les connaissances nécessaires pour ouvrir leur LPN (Livre de police numérique).
Le lancement officiel du SIA (Système d’information sur les armes), est prévu pour le 8 février 2022. Mais après les chasseurs, les licenciés des fédérations de ball-trap et de ski (biathlon) puis des détenteurs non-licenciés qui ont trouvé une arme ou en ont hérité, les tireurs sportifs pourront accéder à leur râtelier numérique et aux documents afférents à partir du 1er mars.
Comme nous l’expliquions dans un article précédent, les tireurs vont devoir créer leur compte SIA avant le 31 décembre 2022. Or, une partie des tireurs sportifs ne pourra gérer seule ces démarches. Qu’ils soient en « zone blanche », anti-numériques ou incapables de manier l’outil internet, ces tireurs vont devoir être assistés dans leurs démarches.
D’après les contacts que nous avons pris, dans certains clubs de tir, cette population représente 10% du nombre des inscrits.
La solution de facilité serait que le président du club de tir les assiste dans ces démarches, mais pour certains l’apprentissage sera difficile et « il faudra faire à la place ». Or la création d’un identifiant et d’un mot de passe sont des démarches individuelles qui ne doivent pas être partagées et un président de club qui serait, même si la démarche est louable, au fait des accès SIA de plusieurs de ses membres se mettrait en fâcheuse posture face aux recommandation de la CNIL.
Détenteurs d’armes et « illectronisme »
L’illectronisme est ce terme qui qualifie la difficulté, voire l’incapacité, que rencontrent certaines personnes pour utiliser des appareils numériques et/ou des outils informatiques en raison d’un manque ou d’une absence totale de connaissances à propos de leur fonctionnement, voire de franche aversion.
Les armuriers les plus âgés ont déjà été confrontés à ce problème cette année et malgré les tutoriels du SCAE, certains ont dû faire appel à des tiers pour les assister dans leurs premières démarches.
Le même phénomène va toucher une quantité importante de tireurs confrontés à une démarche absconse qui nécessitera un décryptage laborieux pour les tireurs frappés d’illectronisme.
État des lieux
La fracture numérique concerne surtout les plus de 70 ans, mais l’illectronisme est un phénomène bien plus répandu qu’on pourrait le croire.
Une étude [1] a mis en avant les difficultés rencontrées dans la population. Des difficultés qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne touchent pas que la ruralité. L’illectronisme concerne en fait toutes les régions, les hommes comme les femmes, et l’ensemble des catégories socio-professionnelles. Même les jeunes sont touchés dès que l’utilisation d’internet sort de la sphère ludique avec un risque grandissant d’être exclus socialement pour n’avoir pu s’adapter aux exigences du monde numérique.
Au bout du compte, si les trois quarts des français utilisent régulièrement internet, 37% des plus de 70 ans ne sont pas connectés, 15% estiment que l’outil numérique est difficile à utiliser, 30% des utilisateurs ont renoncé à une action car elle nécessitait l’usage d’internet et 39% ont même renoncé à une démarche administrative car elle était numérique.
Il faut adapter les moyens
Le SCAE annonce qu’il va déployer d’ici la fin de l’année un vaste plan de communication, et qu’il va s’appuyer sur les administrations locales pour soutenir les utilisateurs en difficulté. Les préfectures seront engagées dans la démarche et même les mairies en zones rurales.
L’idée est louable, mais l’intérêt du SIA pour les particuliers est d’y accéder rapidement en cas de besoin (renouvellements, achat et vente d’armes à feu…) or on imagine mal une personne isolée numériquement faire à chaque fois la démarche de prendre rendez-vous à la préfecture ou à la mairie chaque fois qu’une action sur son râtelier numérique le nécessite.
Nous allons déployer notre réseau des délégués régionaux de l’UFA pour accompagner les « illectronistes » dans leur démarches. Nous allons juste demander au SCAE de trouver un statut légal pour ces « accompagnants » afin d’être en conformité avec la « protection de la vie privée. »
Rel. L- 30/07/21
[1] étude CSA pour le Syndicat de la presse sociale (SPS). Fichier téléchargeable en PDF.