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Article à charge

Haro sur les tireurs

tous dopés à la testostérone

mercredi 28 juillet 2021, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA

Tireurs : vie sociale
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Yvonne Derlys tireuse au revolver vers 1900

« Des armes, des chouettes, des brillantes », c’est sous ce titre, emprunté à un magnifique texte de Léo Ferré, que dans son· numéro du mercredi 28 juillet 2021 MEDIAPART publie un article d’un dénommé Bob.

Un superbe patchwork de poncifs sur le tir et les tireurs argumenté par des références qui donnent, à cet article à charge, un vernis de sérieux. Les références citées par l’auteur pour étoffer son argumentaire sont destinées à soutenir la thèse que les tireurs comptent en leur sein de nombreux fachos dopés à la testostérone, et que les clubs de tir pourraient bien être un vivier d’agitateurs et d’assassins. On est ici dans le même registre que l’image du français avec son béret basque vissé sur la tête, une baguette de pain sous le bras…

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Tir à la carabine vers 1950 (photo Delcampe)

L’exemple Suisse

L’auteur s’appuie sur plusieurs travaux publiés par le passé, en particulier la thèse de Solène Froidevaux (thèse de doctorat- Des armes, du sport, des hommes… et des femmes, 2018) : « Le tir sportif (…) a été historiquement et socialement construit comme masculin, prônant un modèle viril de la performance et de la réussite ».

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Tir à la carabine vers 1950 (photo Delcampe)

Il oublie de préciser que Solène Froidevaux est suisse. Elle développe certes brillamment sa thèse, mais elle vit dans un pays où le tir est une institution depuis des siècles. La situation du tir et des tireurs suisses, leur histoire, n’ont rien à voir avec celle des tireurs sportifs français. J’invite d’ailleurs le rédacteur à se plonger dans les archives de la presse française, sur Gallica. On y trouve de nombreux articles sur les femmes et le tir à la Belle Epoque (sociétés de tir, concours…)

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Jeune femme et sa carabine Browning vers 1960 (photo Delcampe)

La licence : facile ou difficile à obtenir ?

Plus loin, l’auteur cite un article de Libération, daté du 18/11/20. Il avance en référence, en s’appuyant sur cet article, qu’il est facile d’obtenir à peu de frais une licence de tir grâce à un club breton qui n’a qu’une existence virtuelle. S’il avait cherché un peu, il se serait rendu compte que depuis l’article de Libérati··on, le président du club a changé et que le nouveau précise sur son site web, je cite : « Malheureusement, nous sommes toujours bloqués pour faire les licences, et dès que la situation sera arrangée, les licences seront possibles sous condition d’une séance d’initiation ».

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Contrairement à ce qu’on cherche à faire croire au grand public, la pratique sportive avec des armes est un sport mixte ou l’on rencontre hommes et femme.

Pas sérieux et ne s’abstient pas !

Là, on commence à entrevoir le sérieux des recherches faites par l’auteur. Pour en finir avec les exemples, il cite aussi l’article sur le port d’armes en France publié par Louis Le Comte le 27mars 2018, encore un « spécialiste » qui semble ignorer que le port d’armes est interdit en France aux particuliers.

Non le tir n’est pas un stage obligatoire pour les amateurs de guérilla urbaine. C’est une école de patience et de discipline, une activité sportive à part entière qui a connu son heure de gloire au début du XXème siècle lorsque la France comptait 3 500 sociétés de tir et un demi-million de tireurs.

Aujourd’hui, le tir est une activité de loisir, passionnante et sévèrement réglementée. Les clubs de la FFTir sont un vivier d’où sortiront les jeunes talents qui porteront haut et fort les couleurs de la France lors des prochaines épreuves internationales, des championnats du monde aux jeux olympiques.

Alors oui « Des armes, des armes, des armes, et des poètes de service à la gâchette Pour mettre le feu aux dernières cigarettes. Au bout d’un vers français brillant comme une larme ». (Léo Ferré).

Rel. L- 29/07/21

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Epreuve de tir vers 1960
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Tir au revolver au début du XXème siècle
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Les tireuses françaises s’illustrent aux plus hauts niveaux
 

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