Gazette des armes n°430 avril 2011
Tumulte autour d’une loi !
vendredi 25 mars 2011, par
Le vote en catimini de la proposition de loi Bodin-Le Roux-Warsmann a engendré une grande agitation, comparable aux heures les plus chaudes des projets de décrets Jospin de 2002. Les détenteurs d’armes s’estiment à la fois trahis et trompés face à un texte en rien novateur, ni simple et qui « n’apportera rien à la lutte contre le banditisme. » Il est évident que ce texte est avant tout dirigé contre les détenteurs légaux. Les politiques semblent reculer et les institutionnels tentent de reprendre la main en trouvant queques défauts à une proposition qu’ils touvaient hier parfaite !
Dès la fin de 2009, l’ADT et l’UFA ont accueilli avec beaucoup de méfiance les velléités de changement de la règlementation des armes par la classe politique. Cette défiance a été aiguisée par la vision du débat Raoult-Bodin sur la chaîne parlementaire en décembre 2009. Les deux comparses se sont accordés sur une « France sans arme » et laisser les citoyens sans défense même à leur domicile !
Après les déclarations du Président de la République et du Ministre de l’Intérieur « la règlementation des armes est devenue inefficace car trop tatillonne pour les honnêtes gens et impuissante face aux trafiquants » et du fait que la frénésie anti-armes soit retombée au niveau international, il était possible d’espérer que les pouvoirs publics aient entendu la voix de la raison. Mais comme les promesses n’engagent que ceux qui y croient, la plus grande prudence était de mise. Aussi, quand le groupe de travail Molle a été constitué d’une part et que Bruno Le Roux, anti-armes notoire, a été désigné comme président d’une mission parlementaire sur le sujet, de concert, les présidents de l’ADT et de l’UFA ont adopté une stratégie différente conforme a leur tempérament respectif. Seul le président de l’UFA participa à ce groupe de travail. Mais bien vite, il apparu qu’il ne s’agissait en aucune manière d’une négociation, mais de tester les « caprices » de l’administration sur les participants. Nous avons communiqué presque au jour le jour comme en témoignent les nombreux articles sur notre site.
En juin 2010, est paru le rapport n° 2642 de la « mission sur les violences par armes à feu. » Travail partiel, partial et truffé d’erreurs qui proposait des dispositions contradictoires avec les faits qu’il exposait. En juillet une proposition de loi prend le pas sur le projet de loi que la création du groupe de travail Molle laissait prévoir. Et puis c’est une proposition UMP-PS. Quel consensus ! Dès sa publication nous dénoncions les incohérences et les dangers du texte.
Le passage devant la Commission des lois a soulevé notre indignation et nous alertions aussitôt contre « une loi plus dangereuse que la précédente ! » Notre voix était très isolée face à ceux qui trouvaient ce texte parfait et qui saluaient comme une grande victoire la suppression de deux fantasmes nord américains non transposables. [1]
Nous avons multiplié les contacts, courriers et rencontres tant auprès des élus, différents membres du gouvernement qu’avec des conseillers du Ministre de l’Intérieur. Nos militants, adhérents et sympathisants se sont fortement mobilisés, qu’ils en soient remerciés. Après le 25 janvier avec le premier passage en « catimini » de la loi devant l’Assemblée Nationale, cela a été la levée en masse.
Une levée de boucliers
Aussi vigoureuse que celle d’avril 2002 lorsque le gouvernement Jospin avait annoncé ses 9 mesures contre les armes, la base s’est enflammée. Rapidement après le vote du 25 janvier, les détenteurs ont compris la mascarade.
Il s’en est suivi des envois de mails et lettres aux parlementaires. Ils en ont reçu une telle quantité qu’ils ont bien été obligés de considérer le problème.
Cette proposition de loi n’a pas été accompagnée d’un matraquage médiatique. Tout s’est fait dans la discrétion. Après une parodie de concertation où les fonctionnaires et le rapporteur de la proposition de loi sont restés figés sur leurs positions et dans leurs certitudes, ne cédant que sur des points de détails. En revanche, devant la montée spontanée d’un important front du refus et la pertinence de notre argumentation, nous avons eu le plaisir de les voir reculer sur un point essentiel : le privilège. Cette première brèche et la poussée de la contestation à un an d’échéances électorales majeures semblent avoir sensibilisé les élus des deux bords. Dès janvier 2011, nos correspondants nous ont informé que le spectre du 22 avril 2002 les hantait. Des élus PS d’importance tentaient de dédouaner B. Le Roux… Il faut dire que sur 40 millions de votants les détenteurs d’armes avec leurs familles et « alliés » représentent plus de 5 % des électeurs...
[1] Carte grise et délais entre la commande et la réception de l’arme, supposé éviter tout achat impulsif.