Tumulte à propos des tirs contrôlés.

samedi 26 septembre 2020, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

Les tireurs s’étaient réjouis de la fin de l’obligation du carnet de tir et des 3 tirs contrôlés annuels qui étaient consignés dans un registre. Ces obligations contraignantes étaient très lourdes à gérer. Mais des clubs de tir continuent d’appliquer l’ancienne règle provoquant la rogne et la grogne de certains tireurs.

Dans les clubs deux attitudes sont observées, celles de ceux qui se satisfont de mettre en oeuvre le dispositif minimaliste et ceux qui modifient leur règlement intérieur afin de disposer d’un socle permettant la délivrance sereine de l’avis favorable au regard des conditions de la pratique du tir et du respect des mesures de sécurité.
C’est ainsi que nous avons voulu faire le point sans idée partisane.

Ce qu’il y a de nouveau

La nouvelle règlementation n’impose que l’obligation minimum d’un tir par an. Comme le maximum n’est pas fixé, liberté totale est laissée au président de club pour attester, sous sa responsabilité, « de l’assiduité au tir du demandeur et de sa capacité à détenir et à utiliser une arme en sécurité ». La FFTir laisse les présidents de clubs libres de leur décision.
Et, l’objectif de l’Etat avec cette réforme est bien de se décharger sur les présidents de clubs. Ce sont eux qui sont sur le terrain et connaissent leurs adhérents et leur comportement sur les pas de tir.

Notons que pour présenter leur demande d’autorisation, les primo-demandeurs d’autorisation de catégorie B, sont toujours soumis à l’ancien principe du carnet de tir avec les 3 tirs espacés de 2 mois enregistré sur une « liste nominative ». Cette dernière est susceptible d’être contrôlée par les instances de la FFTir ou des autorités administratives.

Liberté inquiétante

Quand on a pris l’habitude de vivre sous la contrainte, la liberté soudaine peut devenir inquiétante.
C’est ce qui arrive aux présidents de clubs qui se retrouvent en première ligne pour décider si oui ou non ils vont délivrer l’attestation, ils sentent tout le poids de la responsabilité alors qu’avant ils avaient l’impression qu’en appliquant la règle, ils n’engageaient pas leur responsabilité personnelle. Ainsi, pour calmer leur angoisse, certains président deviennent plus sévères qu’avant en instituant de nouvelles règles ou gardent l’ancien système du carnet de tir, du registre et des 3 tirs annuels. Pour certains tireurs, ils passent pour des ayatollahs.

Dans la réalité, ils sont autant responsables qu’avant. Et chaque fois qu’un accident se produit dans un club de tir, leur responsabilité est recherchée. Regardez le drame du stand de tir de Fréjus où il y a eu un mort et un blessé.

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Le contrôle magnétique des entrées/sortie est un des moyens de la preuve de l’assiduité du tireur.

D’autres solutions « plus modernes ».

Il n’est pas toujours possible d’assurer une permanence physique et continue sur le pas de tir pour observer l’activité des adhérents. Ainsi, un bon nombre de clubs de tir ont joué la modernité de leur installation en profitant de la baisse des prix de la technologie.
Ainsi, ils ont équipé les pas de tir de caméras, et d’un coup d’oeil, une seule personne peut surveiller un club de 800 adhérents et repérer ceux qui ne respectent pas le règlement intérieur du club.
De la même façon, les tireurs de ces clubs sont équipés d’un badge magnétique qui pointe leurs entrées et sorties du stand. Ainsi, lorsqu’ils demanderont l’avis favorable au président, le secrétaire aura sorti le récapitulatif de leurs venues mieux qu’avec un registre papier. Et le président pourra en toute connaissance de cause attester de leur assiduité. Voir une démo sur Youtube

Les règles internes des clubs de tir font la loi.

Rappelons que les clubs fonctionnent comme toutes les associations avec une Assemblée Générale qui élit un Conseil d’Administration qui élit un bureau.
Et que cette cascade d’instances détermine le niveau de chacun, et les règles de fonctionnement du club de tir.
Ainsi, s’il est décidé dans les règle, que l’assiduité doit se prouver sur le principe de « l’antique carnet de tir » c’est légal même si c’est difficile à admettre. Mais, dans les différents clubs, on trouve toutes les situations avec une grande disparité : cela va d’un tir annuel à plus de trois.
Et les tireurs adhérents du club, doivent respecter les règles internes ou alors trouver un autre club qui aura adopté des règles internes qui leur conviendront mieux. Mais attention, il faut garder à l’esprit que les clubs sont surchargés et qu’il n’est peut être pas judicieux de se mettre en défaut car, trouver un autre club pourra s’avérer être une galère.

Reste la problématique des présidents dictateurs ou ayatollahs. Quand c’est le cas, alors présentez vous a la prochaine AG et portez vous candidat à la présidence. Vous serez peut-être meilleur que l’ancien et vous pourrez montrer ce que vous savez faire... mais vous verrez rapidement que, de toutes les façons, vous devrez faire régner la discipline.
Comme toutes les autres associations, le tir connaît une crise du bénévolat, et toutes les nouvelles bonne volontés sont les bienvenues !


- Lire aussi  : Réforme du contrôle de l’assiduité du tireur qui supprime l’obligation du carnet de tir.
- Consulter  : la rubrique Fédérations et clubs de tir, avec notamment « Fonctionnement et dérives », ainsi que « Contestation de l’organisation du club de tir ».
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Retour sur la motivation d’origine du carnet de tir
Après 1995, le nombre d’autorisations délivrées au titre de la « défense » s’est réduit progressivement. Seuls ceux exposés à des risques liés à la profession pouvaient garder leur arme. Cela a conduit une grande masse de détenteurs d’armes à adhérer à un club de tir pour conserver leur arme.
Il s’agissait d’instituer une formation initiale, concrétisée par 3 tirs accomplis dans un délai minimum de six mois, sorte de passerelle et garantie préalable aux conditions de délivrance de l’avis favorable, le sésame d’accès à la détention d’une arme autorisée. C’est ce qu’a institué une circulaire de 1999. Si cela avait créé un système égalitaire entre les citoyens, les « accidents de la vie » n’étaient pas pris en compte et l’absence d’un seul tir contrôlé sur la période de 5 ans compliquait la demande de renouvellement. C’est ce qu’a voulu corriger la nouvelle règlementation de 2020.


Le carnet de tir a la vie dure ! Fin décembre 2020, la sous-préfecture de Jonzac en était encore restée au Carnet de tir en exigeant qu’il soit présenté à toute réquisition.