Gazette des armes, janvier 2009, n° 405.
Questions autour d’un trafic d’armes
mardi 9 décembre 2008, par
Début décembre dernier, à la une des quotidiens [1] figurait une information déconcertante pour le monde des collectionneurs : "Il est arrivé que des armes de collection servent pour des crimes, par exemple un braquage. Ce sont des armes qui ont été remises en état de tir après une démilitarisation mal faite. Un peu de bricolage, un percuteur, une culasse et ça repart !"
Article de la Gazette des armes n° 405, janvier 2009
Bien évidemment tous les habitués de ce site savent qu’une neutralisation effectuée règlementairement est définitive, sauf refabrication, ce qui nécessite de gros moyens.
Devant ce que nous avons jugé être une désinformation, nous avons envoyé un mail au journaliste de Ouest France, Thomas HENG, pour lui exposer notre point de vue |
Suite à votre article sur les collectionneurs d’armes anciennes paru dans Ouest France du 5 décembre 2008, je relève votre affirmation :
"Ce sont des armes qui ont été remises en état de tir après une démilitarisation mal faite. Un peu de bricolage, un percuteur, une culasse et ça repart ! " Or, une neutralisation faite légalement, est définitive. Je vous invite à consulter la règlementation française sur la neutralisation. Et puis, les "vieux rossignols" Lebels ou assimilés, dont il est question dans votre article, sont effectivement classés "armes de guerre" en France, parce que cela a été oublié ou mal apprécié. Mais en Belgique, ils sont classés "Armes de Collection" depuis 1991, sans qu’il n’y ait eu un quelconque incident avec ce fusil qui date de 1886. Il est légitime de considérer qu’une arme conçue il y a 122 ans, d’un mètre trente de longueur, presque deux mètres avec sa baïonnette, à la munition introuvable, dépassée techniquement en 2008, n’a aucun risque de menacer l’ordre public ni de présenter un danger quelconque pour la société. Les statistiques plaident d’elles-mêmes ! Vous savez très bien que celui qui veut une arme moderne, sait où la trouver, il ne va pas s’encombrer du fusil qui était surnommé à la fin du XIXème siècle : "la canne à pêche." A l’heure de la publication de cet article, le mail est resté sans réponse. |
- L’ancien Palais de Justice de Nantes. Il a déménagé dans des locaux nouveaux et modernes. La Justice se modernise, les textes concernant la règlementation des armes pourraient aussi suivre le chemin et considérer que depuis la fixation de 1870 comme date de millésime, l’eau a coulé sous les ponts
La presse nous rapporte qu’une enquête de longue haleine a débuté en mai et 12 hommes gravitant dans le milieu des collectionneurs d’armes nantais ont été placés sous étroite surveillance. Ils étaient soupçonnés d’acheter et de revendre des armes interdites grâce à Internet ou de bouche à oreille, ce qui est parfaitement condamnable.
Des collectionneurs irresponsables !
C’est de cette façon que le procureur a qualifié l’activité de quelques collectionneurs qui "s’amusaient " à remonter et à fabriquer des pièces pour remettre en état des armes neutralisées. Pour eux c’était du "sport" mais le malheur a voulu que l’une d’entre elles serve dans une affaire criminelle.
Sur les 12 personnes interpellées dès le début de l’enquête, il y avait deux gendarmes en activité et un policier à la retraite.
Les gendarmes ont été rapidement libérés... Leur "péché" avait été de détourner une arme de poing à grenaille saisie lors d’une affaire judiciaire, pour la donner "généreusement" à un ami... De telle sorte qu’au lieu de se retrouver au greffe avec un scellé comme dans une procédure normale, elle était conservée bien précieusement dans la "collection" du copain. Il est juste de rappeler que cette arme de poing est classée en 4ème catégorie et est souvent rencontrée sur les braquages de proximité.
- A l’examen des photos, nous pouvons reconnaître : de multiples et diverses pièces détachées d’armes prohibées, une Kalashnikov, un PM, de très nombreuses carabines US, des Mauser de divers types, au moins un Mauser 1889, un Mosin Nagant 91/30, des Enfield divers, Lebel et Berthier, quelques pistolets et revolvers, quelques carabines 22LR, revolvers à grenaille etc...
Le Lebel de la photo est libre en Belgique depuis déjà 17 ans. Le descendant du pépé qui l’a rapporté de Verdun n’est pas spécialement un "truand".
AFP - Frank Perry.
Logiquement cela s’appelle du vol et du trafic d’armes de 4ème catégorie mais bon, c’était des gendarmes ! Les collectionneurs locaux ont été "choqués" par ce qu’ils ont immédiatement considéré comme deux poids deux mesures.
Au cœur de ce réseau, le policier à la retraite et son fils. C’est lui qui aurait vendu la Kalashnikov remise en état et qui a servi, on est loin de la collection... Nous apprenons toujours par Ouest France [2]
que le gardien de la paix en retraite “oublieux de l’éthique de son métier" et son fils mis longtemps sur écoutes téléphoniques, ont été écroués. Il paraît également que les enquêteurs se régalent sur les disques durs des ordinateurs saisis. Cela leur permet de reconstituer ce qu’ils considèrent être des trafics.
Quant aux collectionneurs qui possédaient, entre autres, des fusils de la 1ère guerre mondiale libres en Belgique, ils sont poursuivis pour "achat, cession, détention d ’armes de première catégorie" et à l’heure où nous écrivons, certains sont inquiétés comme de dangereux bandits alors qu’ils ont juste succombé à la tentation d’acheter une arme historique “en état