La France ayant compté plusieurs millions de chasseurs [1], jusque à une époque récente, on imagine sans peine le nombre de fusils, de carabines et de fusils de chasse que les générations précédentes ont laissé à leurs héritiers.
La découverte d’une de ces armes dans une maison de famille est donc chose courante. Le plus souvent, les « inventeurs » de ce trésor ignorent son classement et sont dans l’incertitude quant à leur droit de conserver cette relique familiale ou des formalités à accomplir pour la revendre.
Le présent article fait le point sur le classement des fusils et carabines de chasse produits et commercialisés par la Manufacture D’Armes Et Cycles de Saint Étienne , plus connue depuis 1946 sous l’appellation de « Manufrance » .
Nous rappelons en outre que les armes à canon lisse, qui sont mentionnées comme classées en catégorie C1°§c) dans cet article, n’ont pas à être déclarées, lorsqu’elles sont détenues depuis une date antérieure au 1er décembre 2011.


Les fusils de chasse [2]

Le fusil Ideal avec un pontet classique (en bas) a été breveté en 1906 et commercialisé a partir de 1907 : classement en catégorie C1§c).
Le fusil de chasse « Idéal ».
Ce fusil d’une grande finesse et d’une réelle élégance avait été conçu pour une clientèle aisée, souhaitant avoir une arme de classe. Les premiers fusils Idéal relèvent d’un brevet déposé le 27 novembre 1887 et accordé en février 1888. Ces armes sont donc aujourd’hui classées en catégorie D§e) leur vente et leur détention sont libres aux personnes majeures.
Le fusil « Idéal » à pontet à lunette fut abandonné en 1907 mais continua à être commercialisé jusqu’en 1909 pour écouler le stock, sans que son mécanisme bénéficie de la moindre transformation notable. Tous les fusils « Idéal » dotés d’un pontet à lunette relèvent donc d’un classement en catégorie D§e).
En 1937, la Manufacture d’armes et cycles de St Étienne proposa une version combinant le mode de déverrouillage du canon de l’Idéal (verrouillé par un poussoir à l’arrière du pontet) et les canons frettés du fusil « Robust » : l’arme qui résulta de ce croisement fut le « Robust-Idéal », cet ultime surgeon du fusil « Idéal » [3], s’écarte notablement du brevet de 1886 et est de ce fait classé en C1§c).

(Photo : www.jadis38.fr)

Le fusil de chasse « Robust ».
Ce fusil juxtaposé, est certes moins luxueux que l’Idéal, mais jouit d’une solidité qui justifie bien son nom [4]. Sa « robustesse » et le prix très accessible des versions de base le rendirent extrêmement populaire dans notre pays. Son remarquable mécanisme fit l’objet d’un premier brevet accordé en 1905. Sa commercialisation ne commença toutefois qu’en 1913, après une longue phase d’évaluation et de perfectionnement. Le « Robust » est donc d’un « modèle postérieur à 1900 » et se trouve de ce fait classé en catégorie C1§c).

Le fusil de chasse « Simplex ».
Ce fusil de chasse à un coup fut utilisé par beaucoup de chasseurs à leurs débuts. Son mécanisme simple et élégant fut breveté en 1908 : il se trouve donc classé aujourd’hui en catégorie C1§c).
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(Photo : Vasari auction)
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Le fusil de chasse « Falcor ».
Dernière tentative de Manufrance pour tenter de reconquérir une clientèle qui se tournait de plus en plus vers d’autres fournisseurs, ce fusil superposé apparut au catalogue en 1970. Il est classé en catégorie C1°§c).
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Le fusil de chasse semi-automatique « Perfex ».
Étant doté d’origine d’un magasin de 3 cartouches sans possibilité d’allonger le tube magasin, ce modèle est en catégorie C1°§a). Par contre, les exemplaires transformés pour ne plus pouvoir tirer qu’en répétition manuelle sont classést en catégorie C1°b).

En bas : Le « Lebel Africain » établi selon le mécanisme du fusil Lebel (et probablement fabriqué avec des boîtiers et des culasses achetés par la manufacture d’armes de Saint Étienne aux manufactures d’Etat) est une arme de catégorie"D§e).
Le fusil de chasse à répétition commandée « Rapid ».
Ce fusil est ce que nous appelons couramment un « fusil à pompe », ce qui lui vaut aujourd’hui d’être stupidement classé en catégorie B. Quand on songe que ces armes étaient vendues jusque en 1995 sans formalité à toute personne majeure, il est facile de mesurer à quel point nos libertés ont reculé en une vingtaine d’années et de constater combien notre société républicaine, s’est dégradée !
Les carabines rayées
Le Lebel africain.
Cette arme apparue au catalogue de la manufacture d’armes et cycles de St Étienne en 1904 fut proposée en version « carabine » (à sept coups) et « mousqueton » (à six coups avec un anneau de selle). Ces deux versions utilisent le mécanisme modèle 1886–93 du fusil Lebel, ce qui permet de les classer en catégorie "D§e).

La carabine Rival .
Ou plus exactement : « Les carabines Rival », car il y en eut de nombreuses variantes. Les premières carabines Rival apparurent au catalogue de 1913 et les dernières versions cessèrent d’être commercialisées en 1925. Ces premières Rival utilisent des mécanismes Daudeteau, brevetés en 1890 : il s’agit donc d’armes de catégorie "D§e).
La seconde série de carabine rivale fut établie après la seconde guerre mondiale sur un mécanisme de Mauser 1898, probablement commandé en Belgique. Ces carabines Rival à mécanisme Mauser 1898, qui furent commercialisées entre 1930 et 1972 sont, elles, classées en catégorie C1°§b).
Les carabines de tir et de jardin « Reina, Club » et « Populaire » .
Pour les trois, les modèles datent d’après 1900 et sont classés en catégorie C1°§c) pour la club et la populaire et B) [5] pour la Reina, qui est une arme semi-automatique.


– en bas : par bonheur, la détention du fusil à fléchettes « Eurêka » n’est encore soumise à aucune formalité administrative, ouf !

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Rel. L- 20207/21 Maj. JJB-2/12/22 - Rel. L-06/12/22 Article mis en ligne initialement le 1er septembre 2019 archive, mis à jour le 20 novembre 2022 avant sa mise à jour de septembre 2023 avec la nouvelle doctrine. |