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Seniors, lunettes et armes de poing

mardi 24 septembre 2024, par Patrick FORTERRE

Fiche technique pour les tireurs

Tous les tireurs, à partir d’un certain âge, sont confrontés à un problème de mise au point entre l’arme et la cible, et ne sont pas à l’aise avec leurs lunettes actuelles surtout si celles-ci sont équipées de verres progressifs. Ces derniers conduisent à une position de tête pas naturelle (cf. photo : résultat avec une forte correction en verres progressifs), qui combinée avec une accommodation peuvent détériorer sensiblement les résultats et amènent parfois à se séparer d’armes auxquelles nous étions attachés, ou sur de rares modèles à monter des œilletons sur, ou à la place de, la hausse. Le tireur sportif de loisir peut se rabattre sur des armes modernes équipées de point rouge.

Grâce à Gérard Serveille, 35 ans de tir et 50 dans le métier de l’optique, à l’initiative de cet article, que nous remercions chaleureusement pour sa participation, ses apports techniques et astuces, et dans une moindre mesure notre expérience personnelle, nous allons essayer de vous donner, à défaut de la clé de la réussite, tout du moins celle de l’amélioration de vos scores. Et surtout de vous permettre de transformer l’inconvénient dû au vieillissement de vos yeux en avantage.

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Une bonne prise de visée

L’œil humain ne peut faire la mise au point en même temps sur 2 objets qui ne sont pas à la même distance, il n’est donc pas possible de voir net à la fois les organes de visée et la cible même pour un tireur à l’arme de poing à 10 mètres. Contrairement à ce que les débutants pensent, ce sont les organes de visée qu’il convient de voir nets et plus particulièrement le guidon, pas la cible, qu’il suffit ... de voir.

Définitions de la vision

Il existe 3 types de vision :
- La vision de loin (VL) de 1.50 mètre à l’infini ;
- La vision intermédiaire (VI) de 50 centimètres à 1.50 mètre ;
- La vision de près pour la lecture entre 30 et 40 centimètres.
La distance entre l’œil et le guidon de l’arme en position de tir est entre 60 à 70 centimètres environ suivant la taille du tireur et le type de tir (1 ou 2 mains). C’est donc la VI (vision intermédiaire) qui nous intéresse.

Un inconvénient qui peut devenir un avantage

À partir de 40 / 45 ans nous avons un problème d’accommodation en vision de près : la presbytie, accommodation qui continuera à baisser avec l’âge. Même en se concentrant il devient de plus en plus difficile de faire la mise au point sur les organes de visée, même en augmentant la fatigue oculaire.
L’idée est d’équiper des lunettes spécifiques pour le tir avec une vision intermédiaire, l’utilisation des verres progressifs étant vraiment à éviter.
Par exemple, si vous avez une correction de +0.50 de loin et de +2.00 de près la VI sera de +1.25.
Une fois équipé de ces verres en vision intermédiaire, plus besoin d’effort pour accommoder votre œil sur le guidon, la netteté est naturelle. Au début, cette cible floue va être déroutante mais les groupements vont revenir au niveau de ceux du trentenaire que vous fûtes, fatigue oculaire en moins... à condition de s’entraîner autant.

Sur le plan pratique

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Lunettes de tir à compléter par un verre correcteur en vision intermédiaire, éventuellement ajouter un diaphragme pour augmenter la profondeur de champ.

Pas certain que votre opticien accepte que vous débarquiez chez lui avec une arme. Même dans ce cas, se pose le motif légitime du transport [1], à minima prenez rendez-vous et démontez une pièce essentielle de l’arme (culasse, canon...). Encore moins de chance qu’il accepte de se déplacer au stand (l’idéal), quoiqu’avec un tir d’initiation ...
Plus simplement, allez chez votre opticien munis d’une petite cible, style pistolet 10 mètres, qui sera placée à 4 ou 5 mètres. En effet, face à un mur proche, le risque est de surcorriger, ce qui provoquera une perte de profondeur de champ préjudiciable à la vision de la cible.
Il suffira de tendre son bras avec une pointe de stylo, par exemple, pour simuler le guidon de l’arme, et de demander à votre opticien de rechercher la meilleure correction avec sa boite de verres d’essais (cf. dernier chapitre), pour être bien net sur la pointe du stylo, à cette distance, la cible devra être légèrement floue. Sinon vous portez des verres de presbyte pour rien !

Quel équipement suivant l’usage ?

Le tireur sportif de compétition va s’équiper de lunettes de tir, par exemple Knobloch ou Champion, Demetz avec porte-verre équipé, cache œil et , éventuellement diaphragme.
Le tireur sportif de loisir pourra soit s’équiper d’une paire de lunettes balistiques avec clip optique ou, plus simplement avec une monture optique assez large pour la protection des yeux équipée de verres correcteurs en Vision Intermédiaire.
Si le tireur sportif de loisir pratique de manière occasionnelle la compétition, il existe des montures plastique de tir avec cache-œil à prix contenu sur lesquelles votre opticien pourra monter un verre correcteur en simple correction Vision Intermédiaire.

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Modèle de diaphragme à iris réglable à clipper sur des lunettes correctrices.

Pour les cas désespérés

Lorsque la puissance de la correction ne permet plus d’avoir une profondeur de champ suffisante ... pour voir suffisamment la cible avec une correction en Vision intermédiaireI ( flou cela n’est pas dérangeant, puisque c’est bien organes de visée nets et cible floue, le principe d’une bonne prise de visée, mais il faut quand même la distinguer !), le diaphragme à iris variable permet de se tirer de ce mauvais pas, y compris pour le tireur sportif de loisir.
En effet, le diaphragme permet, plus il est fermé, de regagner de la profondeur de champ. Attention toutefois à trouver le bon réglage en fonction de l’importance de la correction de la myopie, du besoin de profondeur de champ et de la luminosité, l’utiliser fermé au maximum est une fausse bonne idée. Un conseil, essayez d’abord celui d’un collègue avant d’investir.
Il existe soit sous forme d’accessoire de la marque pour les lunettes de compétiteurs, soit équipé d’un système de clip pour se fixer sur des lunettes classiques (en vente aussi chez des armuriers sous le nom de diaphragme-iris).

Une astuce supplémentaire

Pour transformer encore plus le tireur sportif de loisir en compétiteur, nous conseillerons même de monter un cache-œil clipsable sur l’autre verre (qu’il est même possible d’imprimer en 3D). Cela permet de garder l’autre œil ouvert afin de gagner en stabilité. Même si Yusuf Dikeç a démontré aux JO de Paris 2024 que cela n’était pas indispensable pour emporter une médaille d’argent, certaines personnes ayant la capacité à avoir l’œil directeur qui s’aligne naturellement, les 2 yeux ouverts.

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Diaphragme sur des lunettes de vue avec correction myopie pour vision intermédiaire.

Le coin de l’opticien

La méthodologie sera la suivante :

  • En utilisant les lunettes d’essai, en centrant au mieux l’œil directeur quand le tireur prend sa position, trouver l’addition qui, rajoutée à la valeur de la compensation en vision de loin, permet à l’œil d’avoir les organes de visées nets (hausse et guidon) 1er choix de puissance : D = VL + 1/2 Addition ;
  • Avec cette correction, les organes de visée sont nets mais la cible sera floue. Vérifier à l’aide du trou sténopéique (diaphragme) que la cible est suffisamment claire. Si la cible est encore un peu trop floue, diminuer la correction de 0,25. Il faut trouver le meilleur compromis en sachant qu’il faut privilégier des organes de visées parfaitement nets et une cible juste floue. L’œil ne fera plus d’effort accommodatif pendant toute la séance de tir et cela évitera les dispersions verticales.

Rel. LV-24/09/24 MAJ. PF-26/09/24

 

[1Si la licence de tir vaut titre de transport, cela n’empêche pas les force de l’ordre, dans le cadre d’un contrôle de s’intéresser au cadre dans lequel le transport s’effectue ( trajet club de tir, armurier ...)

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