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Musée

Tulle la guerre en dentelle sur un air d’accordéon

lundi 26 août 2024, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA

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C’est désormais l’ancien bâtiment de la Banque de France qui abrite les collections. La dénomination officielle est « La Cité de l’Accordéon et des Patrimoines de Tulle. »

Voici quelques temps, j’ai eu l’occasion de me rendre à Tulle et j’en ai profité pour aller faire une nouvelle visite à la collection d’armes de la ville.
C’était ma troisième visite. La première date des années 1980. A l’époque le musée était intégré à la manufacture. J’y suis revenu bien des années plus tard, en 2019. La fermeture de la manufacture avait entraîné le déplacement du musée dans de nouveaux locaux. Lors de cette visite j’avais appris que les armes allaient bientôt être déplacées sur un nouveau site, destiné à les mettre particulièrement en valeur, l’ancien bâtiment de la Banque de France de Tulle.

L’inauguration officielle de ce magnifique écrin destiné à accueillir la mémoire artistique et industrielle de Tulle a eu lieu le 5 Avril 2024, en présence de l’ancien Président de la République François Hollande, et de la Ministre de la Culture Rachida Dati.
Le projet remontait à 2008, 16 ans plus tard, le « Musée de la mémoire et des industries tullistes  » devenait la « Cité de l’Accordéon et des Patrimoines de Tulle ».
Honnêtement, si je comprends parfaitement la nécessité de mutualiser plusieurs collections pour renforcer l’attractivité du musée auprès des visiteurs, j’ai quelques difficultés avec le focus sur l’accordéon.
La fabrication d’accordéons à Tulle, grâce à l’implantation de la manufacture Maugein ne date que de 1919 et à sa plus grande gloire, dans les années 30, la fabrique Maugein ne comptait que 300 personnes.
La manufacture d’armes elle, a été créée en 1690. Elle n’a fermé qu’en 1998 après plus de 300 ans d’existence et elle a compté jusqu’à 4 700 ouvriers dans les années de la Grande Guerre.

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La mise en place est belle, le circuit attrayant

On le voit dans ce match armes à feu et pianos à bretelles, les armes l’emportent haut la main. Mais dans un monde où l’on déboulonne les statues, où l’histoire est réécrite, la mémoire de l’armement portatif se dissout dans un air de java.

Un musée sur trois niveaux

Sceptique, sans pour autant être découragé, j’ai entrepris la visite des trois niveaux de ce musée flambant neuf.
Le rez-de-chaussée est une ode à la gloire de l’accordéon. C’est le plus grand espace du musée. On y retrouve une collection très importante d’instruments de musique, une boutique d’accordéoniste et même une tenue de scène d’Yvette Horner.
Le premier étage est entièrement dédié à la dentelle et au point de Tulle. Le dernier enfin est consacré aux armes, aux outils et à la mémoire des hommes de la manufacture d’armes. Là disons le tout de go, nous trouvons de quoi satisfaire un néophyte, mais pas un vieux briscard de l’arme ancienne. Cette partie n’est qu’un moignon du musée précédent. Au premier coup d’œil on peut estimer que plus de 60% des armes exposées sur l’ancien site a glissé dans les réserves.

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Une vingtaine de fusils seulement sont exposés

La mise en place est belle, le circuit attrayant et le visiteur peut découvrir des pièces historiques comme une rare platine à silex portant la marque de Michel Pauphile, datée de 1693, plusieurs armes de marine avec en particulier un magnifique pistolet de bord Mle 1786 et deux paires de « chiens » de Mer dont une transformée à piston.
Une vingtaine de fusils seulement sont exposés. Des armes réglementaires qui vont du silex à la cartouche métallique, mais qui s’arrêtent à la Grande Guerre avec en particulier un FSA 17 et un très rare fusil Meunier.
Les armes américaines ont disparu et disparus avec elles les nombreux revolvers Colt, Starr, Smith & Wesson, les carabines Winchester, Sharps, Spencer et les fusils Remington ainsi qu’un rare pistolet Springfield 1855 muni de sa crosse d’épaule.
Disparues aussi les lourdes mitrailleuses Gatling, Hotchkiss …Les nombreux fusils Berthier, les Mas 36, 49-56, les pistolets civils ou étrangers, les fusils et pistolets-mitrailleurs étrangers et même une partie des protos de MAT 49. Sans oublier les armes à système ou les modèles de la guerre de 1870 qui étaient exposés en nombre dans l’ancien musée.

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Pistolets chiens de mer, une paire est à silex l’autre a été transformé à percussion

Dans deux des vitrines on découvre malgré tout des objets très évocateurs. Dans la première un magnifique lustre fait à partir de baïonnettes à douille, de platines à silex et de gardes de baïonnettes. A proximité de cet objet imposant figure une sorte de blason ornemental constitué d’éléments de cuirasses, des canons de pistolets 1822 T bis, des sous-gardes, des percuteurs, des queues de détente et des chiens de revolver Mle 1873, des baguettes et de la visserie… L’ensemble forme un des deux éléments de la décoration qui ornaient le portail de la manufacture lors de la visite du Président Raymond Poincaré le 12 septembre 1913.
Dans la seconde vitrine, située dans une autre salle se trouvent des objets de maîtrise : un fusil de chasse, une Mat 49 et un Lebel en coffret, des armes à l’échelle 1/3 qui témoignent du savoir-faire des jeunes armuriers de la manufacture.

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Lustre monumental réalisé à l’époque à partir de baïonnettes à douille, de platines à silex et de garde de baïonnettes.

Selon les mots prononcés par François Hollande lors de l’inauguration, ce musée a une « attractivité très grande et nationale ».
Je serai plus circonspect. Le bâtiment est beau, mais la présentation manque de substance. C’est une posture muséologique que l’on rencontre de plus en plus souvent dans les musées modernes. On réduit le volume des objets présentés au profit d’une mise en scène, en situation, flatteuse.
Honnêtement ce musée comme d’autres, traités à la portion congrue, me laisse sur ma faim.

MUSEE PRATIQUE
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Ouverture du 15/06/2024 au 30/09/2024
- Le mercredi de 10:00 à 18:00
- Le jeudi de 10:00 à 18:00
- Le vendredi de 10:00 à 18:00
- Le samedi de 10:00 à 18:00
- Le dimanche de 10:00 à 18:00
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Ouverture du 01/10/2024 au 31/12/2024
- Le mercredi de 10:00 à 17:00
- Le jeudi de 10:00 à 17:00
- Le vendredi de 10:00 à 17:00
- Le samedi de 10:00 à 17:00
- Le dimanche de 10:00 à 17:00
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Tarifs
- Plein tarif : 7,00 €
- Tarif réduit : 3,50 € - Etudiant + de 26 ans et + de 65 ans
- Tarif de groupe : 5,00 € - à partir de 15 personnes
- Tarif de groupe : 10,00 €
Cité de l’Accordéon et des Patrimoines de Tulle - Adresse : 1 Place du Docteur Maschat 19000 TULLE
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Rel. LV-27/08/24

 

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