Armodrome : les péripéties du Tankgewehr m1918 (suite)

Ce Tankgewehr M1918, produit par l’Empire allemand (IIe Reich) lors des derniers mois de la Première Guerre mondiale, est un fusil « géant » conçu il y a plus de 100 ans.
Les armes abandonnées à l’État (sans poursuite pénale possible pour détention sans titre) dans le cadre de cette procédure doivent être détruites, c’est ce qui est prévu. Les internautes, se scandalisant, estimaient que sa place était dans un musée.
L’état-major de la compagnie de gendarmerie de la Haute-Marne indiquait par la suite, que « l’arme n’a pas été abandonnée. Le but de cette campagne, ce n’est pas de récupérer toutes les armes, mais aussi de les régulariser."
Donc le propriétaire de cette arme l’a régularisée. Et il est reparti avec. Il pourra la garder chez lui ou la vendre.. »
Et c’est là que tout commence : le propriétaire contacte l’armurerie Bertrand Aussant, il souhaite le faire restaurer pour ensuite le vendre. Ci-après le compte rendu de la restauration, par l’armurier.

En premier lieu, l’armurier s’occupe de la crosse

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État des lieux quand le le Tankgewehr arrive à l’atelier : tout est fonctionnel sauf le curseur de hausse qui est bloqué par la rouille. L’arme est entièrement démontée, et curieusement les vis n’ont pas opposé de résistance !
Elle est « matching number N° 6194 »………..sauf le percuteur qui porte le numéro 6058.
La détente est tordue et ne laisse pas passer l’index, curieux. Je suppose que l’arme était montée sur affût et que le tir était déclenché « à la ficelle ».

Ci dessous, l’article publié le 22 décembre 2022 par Christian Pujol.

Au milieu d’une avalanche de fusils bons pour la ferraille, les armodromes ont vu arriver un certain nombre d’armes de valeur ou d’armes tout à fait insolites. C’est ainsi que dans la première semaine de décembre, la gendarmerie de la Haute-Marne a affiché sur sa page Facebook la photo d’une militaire tenant dans ses mains un fusil antichar allemand de la Grande Guerre, tout en laissant envisager que cette arme avait été abandonnée par son déposant.

L’imposant fusil allemand de 18 kg brandi fièrement par une jeune militaire.

Cette annonce sur Facebook a produit instantanément de nombreux commentaires dont certains de connaisseurs qui s’alarment de la potentielle destruction d’une arme historique, classée dans la catégorie déclarative C1°§b) qu’il est possible de déclarer. Mais aussi une arme qui satisferait bien des musées orientés sur le conflit 14/18.

Est-ce en réaction, toujours est-il que moins d’une semaine après, « retrait du percuteur » avec cette phrase : « L’arme n’a pas été abandonnée. Le but de cette campagne, ce n’est pas de récupérer toutes les armes, mais aussi de les régulariser. Le propriétaire de cette arme l’a régularisée et il est reparti avec. Il pourra la garder chez lui s’il la fait démilitariser, ou la vendre. ».

Ceci laisserait-il envisager une médiatisation trop rapide, conditionnée par la valorisation de l’opération ministérielle, voire une déficience de curiosité ou de maîtrise de la recherche sur un smartphone des sources d’informations qu’il offre sur cette arme ou d’autres abandonnées sur le point de collecte ? Or, via Google, le simple énoncé de la dénomination de l’arme aurait déterminé un certain nombre d’occurrences à même de mesurer la rareté de ce fusil (voir en bas de page).

Un constat surprenant pour une opération censée participer à faire disparaître des moyens de commission de violences familiales, par ailleurs désormais réalisées avec des armes blanches !
Or dans le même temps, la gendarmerie annonce que, dans l’aide à la lutte contre ces mêmes violences, les gendarmes des Yvelines savent détecter les logiciels espions dans les téléphones.
On envisage donc à minima que : Qui peut le plus peut le moins !
Doit-on jeter la pierre à nos braves « pandores », ou simplement regretter ce manque de curiosité qui doit en faire de bons « chiens de chasse » dans le domaine judiciaire, dès lors que la connaissance des armes anciennes ne ressortit pas à leur formation initiale ou à leurs centres d’intérêt ?
D’autant que le cadre de cette opération permet d’apprendre les limites du rôle de tout « sachant bénévole » susceptible d’y participer. Celui-ci devait se contenter d’éclairer les policiers et gendarmes sur la catégorie. Surtout pas de vulgariser pour les déposants la règlementation qui leur aurait permis de conserver librement leurs armes. C’est notamment le cas des fusils de chasse détenus antérieurement à 2011 qu’un décret de 2011 exonère de la procédure déclarative. Une disposition édictée pour tenir compte de leur grand nombre dans la population française et donc de l’impact de leur déclaration sur la charge administrative des préfectures. Ainsi que pour les armes d’un modèle avant 1900 classées en armes de collection catégorie D.

Finalement l’opération d’abandon correspond au principe du « en même temps »’ jupitérien, lequel a permis de faire émerger et détruire des armes laissées à la libre et légale disposition de ceux qui les détiennent !

Un Tankgewer pris par les soldats canadiens durant l’avancée à l’est d’Arras en septembre 1918 (archives du canada). En raison de son poids, il a été monté sur le chariot d’une MG08/15.	Le Tankgewehr sont capables de perforer un blindage de 20 mm à 200 m. Extrait du site THEATRUM BELLI. qui comporte une vidéo.
Voir les sources numériques :  Theatrum Belli article du 13 janvier 2022 avec une vidéo explicite ;  Wikipédia mis à jour du 04 avril 2022 ;  Natura Buy, site réputé de vente d’armes en ligne, à la consultation avérée dans le cadre d’enquêtes judiciaires, etc ... Le prix de vente peut atteindre 10000 € ;  France3-région le 11 décembre 22.

Rel. L-028/02/23