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JO 2024 : menaces sur la FFTir

Quand ce sont les licenciés qui payent !

jeudi 6 octobre 2022, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA, Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

L’histoire parait incroyable, c’est pourtant la stricte vérité : Le Ministère de la Jeunesse et des Sports est entré en conflit ouvert avec la FFTir. Il souhaite prendre la main sur les décisions concernant les prochains Jeux Olympiques, et pour ce faire la contraindre à renoncer aux décisions votées à l’unanimité, lors de la dernière AGE.

Photo : Jean Quiquampoix, champion olympique de pistolet à 25 m. ( Photo AFP reprise par tous les médias ©)

Les épreuves de tir des JO 2024 devaient se dérouler à la Courneuve dans un stand provisoire qui allait coûter la bagatelle de 30 millions d’Euros auxquels il fallait ajouter 10 millions d’Euros pour la dépollution après démontage.
Ce coût exorbitant et l’hostilité du voisinage ont conduit le « COJOP » (Comité d’Organisation des Jeux Olympique et Paralympiques) à choisir le « CNTS » (Centre National de Tir Sportif) de Châteauroux : il est déjà construit, payé par les licenciés qui continuent de le payer, par une augmentation conséquente de leur licence.

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Photo E. Garnier/L’Équipe ©

Pour une poignée d’Euros

Pensant que c’était gratuit, dans sa grande générosité, le « COJOP » a proposé une enveloppe de 2 à 5 millions d’Euros pour rembourser les frais. Mais le Bureau et le Comité Directeur de la FFTir avaient fixé l’indemnité de mise à disposition du CNTS à 12 millions d’Euros. Fait rare, l’Assemblée Générale Extraordinaire de la FFTir du 3 septembre 2022 avait voté cette somme à l’unanimité. De telle sorte qu’elle confiait un mandat impératif à ses instances dirigeantes pour traiter sur la base de ce montant. Une somme dérisoire par rapport au coût total d’organisation des JO, et quatre fois moins onéreux que le projet initial de la Courneuve.

Le prix de la discorde

Ne voulant pas payer un centime de plus que la somme annoncée, fixée de façon unilatérale, le ministère des sports vient d’exiger la tenue d’une nouvelle AGE afin d’obtenir une résolution qui aille dans son sens. Au pays de la démocratie, on croit rêver !
Et pour donner plus de poids à ses exigences, il brandit la menace de supprimer à la fois les subventions, l’agrément et la délégation de service public. Il avance même l’hypothèse d’une mise sous tutelle de la FFTir avec la nomination d’un administrateur provisoire. Allant jusqu’à rappeler au DTN qu’il est salarié de l’État, laissant entendre qu’il est aux ordres. Tout en prévenant que si les instances dirigeantes de la FFTir venaient à changer, il en serait de même avec les nouvelles.

Bas les masques

Le masque est tombé. La Fédération n’est pas dirigée par ses adhérents par l’intermédiaire de ses représentants élus démocratiquement. Mais de bien plus haut, par le Ministère des sports.

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Le vote qui a donné un mandat impératif au Président.
(Photo X ©)

Ainsi il faudrait sacrifier les licenciés sur l’autel des JO en faisant fi de leurs contributions pour l’édification du CNTS. Pas sûr qu’ils soient d’accord !

Quant aux arguments ultimes du ministère qu’en est-il ? Il considère que si la fédération de golf se contente de 2,5 millions d’Euros, la FFTir devrait se satisfaire du double. Quel rapport nous direz-vous ? Hé bien on peut penser qu’au ministère il y a quelqu’un qui a confondu les trous de balles.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là puisque dans sa vision pharaonique des JO l’organisme de tutelle a prévu la construction d’un hôtel de 200 chambres à l’intérieur du centre. Le financement étant aléatoire, le projet initial pourrait se réduire comme peau de chagrin à 80 chambres au total.

Les mauvaises langues diront sans doute que l’argent économisé sur les tireurs ira aux manifestations de la cérémonie d’ouverture des jeux de Paris 2024, la « plus grande cérémonie olympique au monde » qui se dérouleront sur la Seine.
Si c’est le cas, dans le navire de la FFTir, le ministère des sports sera à la barre et les tireurs rameront dans la chiourme.

- Pièce justificative : Rapport de la réunion qui s’est tenue entre la FFTir et le COJOP suite au projet de délocalisation des épreuves de tir de La Courneuve à Châteauroux.

- Voir aussi : Article du Monde sur les difficultés de budget de la COJOP qui doit piocher dans ses réserves.

Droit de réponse du président de la Fédération Française de Tir

Nous publions intégralement le droit de réponse du Président de la Fédération Française de Tir.

La publication par vos soins, sans que j’en ai été préalablement informé, d’un article basé sur une source anonyme et intitulé « JO 2024 : menaces sur la FFTir » m’oblige à rétablir aujourd’hui dans vos colonnes mêmes un certain nombre de faits.

En ma qualité de président de la Fédération Française de Tir, j’ai assisté ces derniers mois à de multiples réunions avec le C.O.J.O.P. (et non le COJO), avec la fédération internationale International Shooting Sports Federation, avec les représentants du ministère des Sports ou avec les différentes instances locales (régionales, départementales et municipales). Je tiens à témoigner ici que ni l’ambiance, ni la teneur des échanges, ni même le vocabulaire utilisé ne correspondent à la relation que vous en faites.

Les discussions, habituellement longues, ont fait appel à de très nombreux intervenants, à l’ordinaire experts dans leurs domaines. Elles étaient souvent techniques et parfois disputées, mais elles ont toujours été empreintes d’une grande courtoisie et d’un respect réciproque de la part de toutes les parties, loin de la foire d’empoigne et des menaces supposées par les auteurs de votre article, qui bien entendu étaient, tout comme leur informateur, absents de ces tours de table.

Lors des différents échanges, j’ai toujours âprement défendu les intérêts de notre Fédération. Alors bien sûr, de même que notre Comité directeur, j’aurais souhaité que telle ou telle disposition qui est arrêtée aujourd’hui fût différente. Mais il en est certainement de même de tous les protagonistes de cet immense projet, qui ne peut se monter qu’en rassemblant et en amenant à collaborer des participants publics, associatifs ou privés dont les intérêts divergent par définition. Apprenez à ce propos que c’est grâce à l’intervention des représentants du ministère des Sports qu’un accord a pu être trouvé entre les aspirations de nos instances fédérales et celles du C.O.J.O.P.

L’essentiel pour moi, comme pour tous les élus fédéraux que je représente, est que les épreuves de tir de ces Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 soient une grande réussite et que notre discipline sportive, notre Fédération et notre nation en sortent grandies. Nous n’avons modifié en rien notre position à ce sujet depuis le tout premier jour et nous serons très heureux de pouvoir accueillir les tireurs du monde entier au Centre National de Tir Sportif de Châteauroux-Déols.

Sachez enfin que j’ai tenu à échanger personnellement le week-end dernier sur ces questions avec l’ensemble de nos présidents de ligue et de nos porteurs de voix. Je ne veux pas préjuger du résultat exact du vote qui aura lieu fin octobre, lors de notre prochaine Assemblée Générale Extraordinaire, mais cette consultation me permet de penser en toute confiance que notre Fédération acceptera à une très grande majorité des voix d’accueillir les épreuves de tir des J.O.P. de Paris 2024 au sein des infrastructures de son Centre National aux conditions dernièrement envisagées.

Dernière remarque : le rapport de réunion que vous avez jugé utile de rendre public, loin d’être un verbatim, est un simple document de travail.

Michel BACZYK
Président de la Fédération Française de Tir

 

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