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Pour une vision plus globale

Et si l’on relocalisait la fabrication de munition ?

mardi 2 mars 2021, par Daniel CASANOVA

La relocalisation de la fabrication des munitions de petit calibre. Une question de défense nationale ? Pas seulement ! Il faut avoir une approche globale du problème.

Mme Hélène Conway-Mouret attire l’attention de M. le Premier ministre sur la nécessité de relocaliser en France la production de munitions de petit calibre. Cette question a été publiée dans le JO Sénat du 29/10/2020.
La sénatrice argumente sa demande pour : « accroître le volume des stocks de munitions, essentiels tant à la conduite de nos opérations extérieures qu’à l’assurance de notre autonomie stratégique ». Elle ajoute que : « Cette problématique a retrouvé toute son actualité à la faveur de la pandémie, qui a mis en lumière notre dépendance à l’égard de pays tiers dans de nombreux domaines ». Puis elle précise son idée d’assurer notre sécurité d’approvisionnement : « la résilience de nos armées paraît plus sûrement garantie quand l’usine n’est pas bien loin du régiment ». Enfin, elle souhaite que cette question fasse partie du plan « France relance » qui prévoit le soutien à « l’implantation ou la réimplantation, sur le territoire, de certaines industries stratégiques ».

La réponse du Ministère des Armées, publiée dans le JO Sénat du 11/02/2021 précise que : « L’analyse alors menée par le ministère des armées a conclu que ce projet ne serait pas compétitif au niveau mondial, malgré un important investissement initial de l’État, et qu’il serait difficile de gagner des marchés à l’exportation. Par ailleurs, la sécurisation juridique des commandes à passer pour permettre le démarrage d’un tel projet n’était pas assurée. Cette analyse a été partagée avec les industriels concernés. Le ministère des armées reste vigilant sur ce sujet et ouvert à tout examen de projets portés par des industriels dans cette filière, afin d’examiner les différents soutiens permettant d’en faciliter l’émergence ».

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En effet, depuis la fin des années 1990 et la fermeture de l’établissement de Giat Industries du Mans, la France n’a plus la capacité de produire les munitions de petit calibre utilisées par ses forces armées, ce qui l’oblige à s’approvisionner auprès de fournisseurs étrangers, ce qui, par le passé, a parfois posé des problèmes, notamment au niveau de la qualité des cartouches livrées.

Il s’agit là d’une vision technique du problème du point de vue du seul client majeur : nos armées. C’est oublier deux autres acteurs importants qui pourraient bénéficier d’une relance de leurs activités dans le domaine. En premier lieu les polices municipales dont les effectifs sont en constante augmentation et dont l’entrainement au tir est insuffisant pour des raisons de coûts des munitions et de la pénurie de stands de tir. L’autre partenaire est la FFTir qui elle aussi a vu ses effectifs augmenter et le développement d’épreuves sportives telles que le Tir Sportif de Vitesse, grand consommateur de munition. Ces activités sont elles aussi freinée par le manque de stands, notamment pour le TSV et une action publique timorée pour lui venir en aide malgré des résultats sportifs éloquents tant aux Jeux Olympiques qu’aux championnat du monde.

Alors se pose la question d’avoir une vision plus globale du problème. On voit apparaitre des synergies chez tous ces pratiquants du tir, policiers municipaux, tireurs sportifs auxquels on peut ajouter les policiers nationaux, les gendarmes, les douaniers et les autres fonctionnaires armés. Il s’agit d’un besoin d’infrastructures et d’une politique volontariste vis-à-vis du tir sportif. Une politique qui ne peut que séduire les professionnels désireux de s’entrainer dans le civil afin de se perfectionner et de goûter aux plaisirs des compétitions nationales et internationales.

Nous y voyons un partenariat gagnant-gagnant qui répond à la question de la sénatrice. Si les coûts sont élevés, c’est faute d’un marché intérieur conséquent qui permettrait d’assurer la viabilité d’un investissement dans ce domaine. L’Allemagne compte presque deux millions et demi de tireurs sportifs, on voit donc la marge de progression de la FFTir qui n’en compte que deux cent vingt mille. Mais pour cela il faut une volonté politique qui doit s’appuyer sur le fait que notre pays est en guerre contre le terrorisme. Dans ce cadre, toutes nos forces de sécurité ont besoin d’entrainement intensif au tir avec une sécurisation de l’approvisionnement en munitions et le fait d’avoir des citoyens connaissant les armes ne peut que constituer un volant dissuasif face aux terroristes.
Rel. L- 06/03/21

 

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