Article paru dans la Gazette des armes n° 503 de décembre 2017

Le classement des répliques d’armes anciennes

jeudi 30 novembre 2017, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

La nouvelle Directive affirme que les reproductions d’armes n’ont pas le même intérêt historique que les armes anciennes. Mais surtout qu’elles « peuvent être construites avec des techniques modernes susceptibles d’améliorer leur durabilité et leur précision. »

Donc, elles doivent être intégrées dans la Directive. Résultat, comme la même Directive supprime la catégorie D (de la Directive), c’est à dire la D1 française, il n’y a d’autre choix que de les classer dans les catégorie C ou B.

Impensable disons-nous. Il y en a trop et les fichiers deviendraient ingérables. Et ce n’est pas le souhait de la France qui aimerait plutôt un statu quo en les conservant en D2.

Les répliques mieux fabriquées ?

En affirmant que les répliques « peuvent être construites avec des techniques modernes susceptibles d’améliorer leur durabilité et leur précision » la Commission pose un postulat sans avoir fait aucune vérification ou étude d’impact. Si elle s’était un peu renseignée vers les restaurateurs d’armes anciennes, elle aurait compris que l’antique fabrication "chouchoutait" ses canons. Soit ils étaient forgés, damas, à rubans, etc... Alors que les fabrications modernes, même si c’est du bon acier, ne peuvent égaler les fabrications d’antan. Et puis faisons un pari : nous utilisons aujourd’hui des armes qui ont 250 ans et qui sont parfaitement conservées. Dans quel état sera une réplique, même fabriquée par Ubert,i en 2260 ? Il y a gros à parier qu’elles auront été détruites depuis longtemps, n’ayant pas résisté au temps et encore moins à l’usage.

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Le Ruger Old Army déclenche la fureur des tireurs à propos de son classement. Classé en catégorie collection jusqu’en 2000, il y a eu un avis de la Commission Interministérielle de Classement pour l’exclure du fait qu’il ne reproduit aucune arme existante, à l’exception du principe de fonctionnement. Les modifications règlementaires de 2013 confirment ce classement. Pourtant cette arme peut s’apparenter à un Remington 1858 amélioré. Dommage !

Performances améliorées ?

Quand on analyse les résultats des compétitions de tir à poudre noire nationales ou internationales, on constate que les armes d’origine donnent de meilleurs résultats que les répliques, la différence est de quelques points sur 100. Ainsi, quand cela leur est possible, les tireurs préfèrent concourir avec leur arme ancienne.
Si l’on se réfère à la réglementation française : « reprennent l’aspect extérieur ainsi que les principes de fonctionnement des divers mécanismes des modèles originaux antérieurs au 1er janvier 1900 », ces reproductions faites parfois il y a quelques dizaines d’années ont pris une patine, et seul un connaisseur peut différencier la réplique de l’original.
Ainsi, ces armes n’ont pas subi d’amélioration.

Les fausses répliques

Celles qui ne reproduisent pas « l’aspect extérieur » ne sont plus classées en catégorie D2 §f).
Il faut croire alors que la Directive visait les fausses reproductions, c’est à dire celles qui comportent des lunettes, des organes de visées qui n’existaient pas à l’époque ou simplement qui ne reproduisent que le principe de fonctionnement et que le modèle n’existait pas à l’époque. Comme c’est le cas du Ruger Old Army.
Où donc les technocrates bruxellois ont-il été chercher leurs informations ?

Voir aussi :
- 2017 : transposition de la Directive,
- article sur les rétroconversions.
- La machine infernale de la règlementation.

Extrait de la directive UE 2017853 du 17 mai 2017.
Point 27 des considérants :
Lorsque les États membres disposent de législations nationales régissant les armes anciennes, ces armes ne sont pas soumises à la directive 91/477/CEE. Toutefois, les reproductions d’armes à feu anciennes n’ont pas la même importance ou le même intérêt historique et peuvent être construites en recourant aux techniques modernes susceptibles d’améliorer leur durabilité et leur précision. Par conséquent, ces reproductions devraient relever du champ d’application de la directive 91/477/CEE. La directive 91/477/CEE n’est pas applicable à d’autres articles, tels que les dispositifs airsoft, qui ne correspondent pas à la définition d’une arme à feu et ne sont donc pas réglementés par ladite directive.

- Déjà en 2008, nous faisions paraître un article intitulé : les Répliques et l’Europe.