Pièges à éviter dans la collection de munitions.

lundi 10 janvier 2022, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

Voilà un sujet qu’il est important de traiter, tellement les informations que les collectionneurs diffusent entre eux sont fausses et contradictoires. Et pourtant c’est si simple à comprendre...

L’article R311-2 du CSI donne cette définition « Munitions et éléments de munition à poudre noire utilisables dans les armes historiques et de collection... »
Pour qu’une munition soit classée en catégorie D §j) il faut qu’elle remplisse les deux conditions suivantes :
-  que la munition contienne de la poudre noire et pas une autre poudre,
-  quelle soit utilisable dans les armes de catégorie D §e) c’est à dire une arme dont le modèle est antérieur à 1900 et qui n’est pas sur la liste des armes exclues par le tableau B de l’arrêté du 24 août 2018.
La munition du 8 mm 92 [1] rempli bien la deuxième condition puisqu’elles est utilisable dans de nombreuses armes d’épaule de la fin du XIXème (dont la Buffalo Slave Armée à 1 coup) et dans les revolver Bulledog ainsi que le revolver 1892 civil.

Une seule des conditions reste insuffisante, il faut que les deux conditions soient réunies.
Ainsi des munitions de 8 mm mle 1892 peuvent être en D§j) si elles sont chargées à poudre noire, mais c’est si rarissime à trouver que cela relève du fantasme. Celles que l’on trouve généralement sont à poudre vive, donc en catégorie B10°. En effet l’articleR311-2 du CSIclasse à la catégorie B10° « Munitions à percussion centrale et leurs éléments conçus pour les armes de poing... ... à l’exception de celles classées en catégorie C par un arrêté ... ; » Or il est incontestable que la munition de 8 mm 92 a été conçue pour les armes de poing même si des armes d’épaules peuvent les chambrer.
Il en sera de même pour de nombreux autres calibre par exemple : .38 Short & Long Colt, .38 S&W ou .38 Colt New Police,.380 Short & Long Revolver, .41 Long Colt, .41 Short Colt, .44 Merwin & Hulbert, 10,4 mm italien, .44 Russian, .44 S&W American, .44 Webley, .44 Bull Dog, 10,6 mm et 11 mm Reichrevolver, .44 Colt, 11 mm Gasser, .455 Webley, .45 Schofield, .450 Adams, .476 Enfield.

En revanche leurs étuis ou ogives plomb sont bien des « éléments » de munition de catégorie en D§j) puisqu’ils ne contiennent pas de PSF.

La refabrication de munitions

On voit apparaître sur le marché des répliques de munitions pour des armes entre 1895 et 1900 chargées à poudre noire. Si à l’époque elles n’ont existé qu’à poudre vive, c’est évidemment une transgression de la règlementation, ces munitions seraient à classer en catégorie C ou catégorie B.

De même pour ceux qui les fabriquent, s’ils ne sont pas armuriers, c’est de la fabrication illicite. [2] Et ceux qui les vendent, c’est du trafic illicite. [3]
Seul le « rechargement effectué dans un cadre privé à partir d’éléments obtenus de manière licite » est légal (voir article). Cela signifie que ceux qui vendent des munitions rechargées par eux-mêmes pour des copains risquent gros.
De plus, les munitions doivent être marquées selon les normes du CIP lorsqu’elles sont référencées par cet organisme.

Voir aussi :

Note sur la munition 8mm Modèle 1892 que certains pourraient estimer dangereuse.
Les munitions manufacturées anciennes de 8mm modèle 1892 sont pour la plupart hors d’état de fonctionner : soit elles ne partent pas du tout à la percussion, soit la balle reste coincée au milieu du canon. C’est ce qui explique le grand nombre de revolvers modèle 1892 dont le canon est bagué : des amateurs ont voulu tirer les munitions d’époque qu’ils avaient retrouvées dans l’étui d’un revolver modèle 1892, une balle est restée coincée dans le canon, ils ne s’en sont pas aperçus et ont tiré une seconde cartouche qui est venu emboutir la première et a fait une magnifique bague.

Les munitions manufacturées modernes fabriquées par Fiocchi il y a une trentaine d’années sont devenues pratiquement introuvables et sont d’un prix dissuasif. Alors tout le monde raccourcit des douilles de .32-20 et les recharge. Mais cela reste du bricolage.
Il est apparu sur le marché des étuis en 8 mm aux cotes d’origines.

Notons que le fait que le revolver 8 mm 1892 soit classé au tableau B de l’arrêté du 24 aout 2018 ne change rien au classement de la munition. En effet, celle ci a été utilisée par de nombreuses armes de la fin du XIXème, notamment des revolvers bulldog.

Rel. MM- 05/01/22 - JJB-11/01/21


[1appelée 8 mm Lebel par la CIP qui n’est pas à confondre avec le 8 x 51 R du fusil Lebel.

[2Art R311-1-III-7°-a).

[3Art R311-1-III-12°).