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Comment classer les Smith & Wesson Top Break ?

Modèles à Double action et à chien apparent.

jeudi 31 août 2023, par Erwan (publié initialement le 14 novembre 2017)

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La société Smith & Wesson avait initialement étudié dès 1872 un mécanisme de platine à double action pour les Smith & Wesson N°3 Russian, à la demande du gouvernement russe. Ce dernier n’ayant pas donné suite à ce projet, S&W continua à faire perfectionner ce type de mécanisme par l’ingénieur JH Bullard, dont le travail fut concrétisé en 1879 par la commercialisation d’un revolver de poche à extraction collective des étuis par basculement vers le bas de l’ensemble canon-barillet, d’où leur surnom de Top Break. Ces armes dotées d’une platine à double action furent commercialisées en calibres .44, .38 et .32.

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Les Smith&Wesson « Top Break » se caractérisent par une extraction automatique des cartouches contenues dans le barillet ou des étuis tirés, après basculement vers l’avant de l’ensemble canon-barillet.

Les collectionneurs s’interrogent souvent sur le classement de certaines variantes tardives en calibres .38 et .32.
La classification de ces variantes, aussi appelées « modèles  » est encore obscure pour beaucoup de collectionneurs. Nous allons donc en rappeler brièvement les caractéristiques avant d’évoquer leur classement. Pour plus de détails, nous renvoyons nos lecteurs aux ouvrages spécialisés cités en bibliographie.

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Le second modèle en calibre .38 et les suivants, comportent une plaque de recouvrement à base ovale, qui impose une découpe de taille moins importante que celle des premiers modèle et fragilise moins la carcasse de l’arme.

Les revolvers S&W à double action et chien extérieur

Les revolvers en calibre .38 comportent six variantes :

- Le premier modèle, portant un numéro de série compris entre 1 et 4000, fut produit au cours de l’année 1880 et se distingue par une large plaque de recouvrement du mécanisme découpée dans le côté gauche de la carcasse.

- le second modèle comporte une plaque de recouvrement moins large, supposée moins fragiliser la carcasse . Cette version fut fabriquée de 1880 à 1884 et ses numéros de série vont de 40001 à 119000.

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Le barillet de ce revolver calibre .38 du troisième modèle ne comporte plus qu’une série de crans de verrouillage du barillet, comme ce sera le cas pour tous les revolvers des modèles suivants.
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Vue du double cran de verrouillage du barillet, présent sur les calibres .38 à double action des premiers et deuxième modèles.


- le troisième modèle se caractérise par la suppression des doubles encoches d’arrêt sur le pourtour du barillet : une caractéristique qui fut maintenue sur les modèles suivants. Ce modèle fut fabriqué jusqu’en 1895 et les numéros de série de cette variante vont de 1190001 à 322700. Le marquage du canon mentionne à la fin le brevet du 3 janvier 1882 (JAN.3.82).

- le quatrième modèle comporte une queue détente et un pontet redessiné. Il fut fabriqué de 1895 à 1909 (numéros de série de 322701 à 539000)
Le marquage du canon mentionne à la fin le brevet du 9 avril 1889 (APR.9.1889).

- le cinquième modèle comporte un assemblage du canon sur la carcasse, plus carré que les précédents et un guidon forgé dans la masse. Ce modèle fut fabriqué de 1909 à 1911 et ses numéros de série vont de 539001 à 554077.

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Revolver de calibre .38 à chien externe, du quatrième modèle.

Le marquage de canon ne mentionne aucune date de brevet : seulement la mention :
« SMITH & WESSON SPRINGFIELD MASS. U.S.A ». Le canon est marqué « .38S&W CTG » du côté gauche et la carcasse porte le monogramme S&W sur sa face droite.

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Smith& Wesson calibre .38 « Perfected Model ». Le pontet n’est plus rapporté mais usiné dans la masse de la carcasse, de même que le guidon est usiné dans la masse du guidon. La seule innovation technique sur ce modèle est le poussoir (flèche qui renforce le verrouillage du barillet. Mais cela constitue une modification mineure (Photo BP)
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Le classique Verrou en « T » qui apparaît sur le quatrième modèle de « .38 Safety ».


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- le .38 Double Action « Perfected Model » . Cette version, fabriquée de 1909 à 1920, comporte un pontet forgé dans la masse en même temps que la carcasse (alors que les versions précédentes étaient équipées d’un pontet rapporté, vissé sous la carcasse. Le « Perfected Model » comporte par ailleurs un second verrouillage de l’ensemble canon-barillet, actionné par un poussoir placé du côté gauche de la carcasse. La fonction de ce poussoir, qui ressemble beaucoup à celui du verrou de barillet des S&W « Hand Ejector », est souvent mal comprise par les collectionneurs qui découvrent cette arme pour la première fois.

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Les deux types de détente que l’on rencontre sur les S&W à double action : en coc et en croissant. A Chien interne

Les marquages du « Perfected Model » sont identiques à ceux du cinquième modèle.

Le « Perfected Model » fut produit de 1909 à 1920 à 59400 exemplaires Ces armes sont numérotées dans une série particulière de 1 à 59400, non consécutive aux précédentes.

Les revolvers en calibre .32 comportent cinq variantes :

- premier modèle : comme pour le premier modèle en .38, cette version comporte une carcasse largement découpée du côté gauche pour une plaque de recouvrement donnant accès au mécanisme. Cette version est très rare car seulement une trentaine d’exemplaires ont été fabriqués entre 1880 et 1882.

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Les S&W à double action « Top Break » de la version « Safety Model » (aussi appelée « New Departure ») comportent un chien interne (ce sont donc des revolvers « Hammerless ») et une pédale de sûreté à l’arrière de la poignée, qui ne permet le tir que si la poignée est solidement serrée.

- second modèle : cette version comporte une plaque de recouvrement légèrement ovale, dont la surface moins importante fragilise moins la carcasse. Cette seconde version fut également fabriquée de 1880 à 1882 et ses numéros de série vont de 31 à 22172.

- troisième modèle : se distingue des précédentes par la suppression de seconde rangée de crans de verrouillage du barillet, ainsi que par l’adoption d’une queue de détente dite « en croissant ».
La fabrication de cette version commença en 1882 et prit fin en 1883. Les numéros de série vont de 22173 à 43405.

- quatrième modèle : comporte une détente en croissant et un pontet de forme ovale. Sa fabrication s’étendit de 1883 à 1909 et les numéros de série s’étendent de 43406 à 282999. Le dernier brevet mentionné sur le marquage de canon est celui du 9 avril 1889.

- cinquième modèle : cette version comporte un guidon forgé dans la masse du canon et non plus rapporté. Le barillet et l’intérieur de la carcasse bénéficient d’un traitement thermique (trempe) qui renforce la dureté de ces parties.
La fabrication de cette version, commencée en 1909, prit fin en 1919 et ses numéros de série vont de 283000 à 327641.
Le marquage du canon ne mentionne que l’adresse du fabricant, sans date de brevet. Le monogramme S&W est apposé du côté droit de la carcasse et le côté gauche du canon porte la mention « S&W CTG ».

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Verrouillage de canon par poussoir transversal du .38 Safety 1er modèle.

Les revolvers à double action et chien interne "Safety Hammerless"

A la suite d’accidents mortels survenus avec des S&W à double action à chien extérieur, le fabricant proposa un modèle à sûreté automatique et à chien interne. La sûreté était composée d’un poussoir placé à l’arrière de la poignée, qui bloquait le chien si la poignée n’était pas fermement serrée par la main du tireur. Cette version à chien interne, couramment surnommée « Lemon Squeezer » (Presse citron) fut elle aussi déclineé en un certain nombre de modèles en calibre .38 et .32. Ces modèles à chiens internes furent aussi parfois appelés « New Departure » (Nouvelle gamme)

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S&W .38 « Safety Model » du Quatrième modèle.

Les Revolvers « Safety Hammerless » de calibre .38 comportent cinq versions :

- le premier modèle : est équipé d’un verrouillage de canon par un poussoir transversal. Il fut produit en 1886 et 1887 avec des numéros allant de 1 à 5250.
La dernière date de brevet mentionnée sur le canon est celle du 4 août 1885 (AUG.4.85).

- le second modèle : se distingue par un nouveau type de verrouillage par un poussoir placé en haut et à l’arrière de la carcasse. Cette version fut fabriquée de 1887 à 1890 avec des numéros de série allant de 5251 à 42483.

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Détail du verrouillage par poussoir axial du .38 « Safety Model » quatrième modèle.


- le troisième modèle : se différencie du précédent par un verrou comportant un poussoir placé dans une cuvette au sommet de la bande supérieure du canon. La platine a également été modifiée pour que le basculement de l’ensemble canon-barillet bloque le chien. La production du troisième modèle s’étendit de 1890 à 1898, avec des numéros de série compris entre 42484 et 116002 .
La dernière date de brevet mentionnée par le marquage de canon est celle du 3 juin 1890 (JUNE.3.90).

- le quatrième modèle : comporte le verrou en T classique sur la plupart des S&W « Top Break ». Cette version fut fabriquée de 1898 à1907 avec des numéros allant de 116003 à 220000. La dernière date de brevet mentionnée sur le canon est celle du 9 avril 1889 (APRIL.9.1889) Le monogramme S&W est apposé du côté droit de la carcasse et le marquage « .38S&W CTG » du côté gauche du canon.

- le cinquième modèle : se distingue du précédent par son guidon usiné dans la masse du canon et son marquage de canon ne mentionnant que l’adresse du fabricant.
Il fut fabriqué de 1907 à 1940 et ses numéros de série s’étendent de 220001 à 261493.

Les revolvers « Safety Hammerless » en calibre .32 (parfois désignés sous le nom de .32 « New Departure ») comportent 3 versions :

- le premier modèle : est identique au .38 « Safety Hammerless » du troisième modèle mais ne comporte pas de blocage de la percussion au basculement de l’ensemble canon-barillet. Les revolvers de cette version, fabriquée de 1888 à 1902, portent des numéros allant de 1 à 91417. La carcasse porte du côté gauche le monogramme S&W et la mention « Trade Mark ».

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La célèbre Annie Oakley avec un revolver S&W à double action. Cette tireuse exceptionnelle, se produisit dans les dernières années du 19e Siècle dans le « Wild West Show » de Buffalo Bill : un spectacle qui répondait à la nostalgie née chez beaucoup d’Américains de la disparition de lOuest sauvage.


- le second modèle : comporte un verrou de canon en forme de « T ». Cette version, produite de 1902 à 1909 comporte des numéros de série s’étendant de 91418 à 169999. La dernière date de brevet mentionnée sur le canon est celle du 9 avril 1889 (APR.9.1889).

- le troisième modèle : se distingue simplement par son guidon usiné dans la masse et non plus rapporté. Cette version fut produite de 1909 à 1937 et ses numéros vont approximativement de 170000 à 242981. Le canon porte seulement l’adresse du fabricant sans aucune mention de brevet.

Pour conclure : le classement des S&W "Top Break" à double action en calibre 38 et 32

Nous n’avons pas évoqué les modèles « Top Break » en calibre .44, dont les brevets s’étagent de 1881 à 1889 et dont le classement en D2 est indiscutable.
Il en va de même de la plupart des modèles en calibre .32 et 38. Seul le classement de quelques modèles tardifs reste ambigu.
Le classement des cinquièmes versions des revolvers en calibre .38 est sujet à interrogations, car ces versions sont apparues après 1900. Mais les caractéristiques du mécanismes dont celles de brevets antérieurs à1889 et les évolutions de fabrication (guidon et pontet usinés dans la masse) ne sont aucunement de nature à augmenter la dangerosité de l’arme.
On peut donc estimer qu’il s’agit également d’armes de catégorie D§e).

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Poussoir d’ouverture placé au sommet de la bande du canon d’un « Safety Model » calibre .38 du troisième modèle. (Photo : BP)

Le classement du  »Perfected Model » est plus ambigu car le poussoir renforçant le verrouillage du barillet est très probablement un mécanisme apparu vers 1902. Là encore, c’est une modification tout à fait mineure, qui n’influe pas sur la dangerosité de l’arme et le classement en D2 est plaidable.
Les collectionneurs doivent toutefois rester prudents et prendre la précaution de se faire délivrer par le vendeur une facture mentionnant le numéro de série de l’arme et précisant clairement son classement en catégorie D§e), afin de se protéger d’une interprétation restrictive qui pourrait être donnée ultérieurement de ce classement. 

L’analyse que nous avons faite ci-dessus du classement des S&W « Top Break à double action » correspond à la lecture de la nouvelle doctrine. Si vous détenez une arme déclassée en catégorie D§e) ou malheureusement surclassée en catégorie B), pour couler des « jours heureux » vous devez impérativement vous mettre en règle. Dans cet article nous expliquons toutes les possibilités pour le faire.
 

Remerciements : à monsieur Quentin Brun de la société "Parisoldguns" pour sa contribution à cet article.

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Publicité S&W pour le modèle « Safety Hammerless » : « un revolver avec lequel on n’est jamais déçu ! ».
Sources :
Les ouvrages de référence classiques en langue anglaise pour les amateurs de revolvers Smith et Wesson sont les ouvrages : « History of Smith &Wesson » de Roy E. Jinks et le « Standard Catalog of Smith & Wesson » de Jim Supica et Richard Nahas.
Les collectionneurs francophone auront avantage à se procurer l’excellent ouvrage en langue française de Pierre Giet : « Les revolvers Smith& Wesson de collection » - Editions Crépin Leblond, dont nous nous sommes inspirés pour cet exposé.
Illustrations tirées de l’article de Luc Guillou « Les premiers Smith &Wesson à double action » publié dans le N°462 de la Gazette des Armes.
Ces ouvrages sont disponibles sur le site : www.librairie-hussard.com.
Article remis conforme à la nouvelle nouvelle doctrine, archive de l’ancienne écriture.
 

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