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Angleterre : faut-il interdire les armes neutralisées ?

samedi 12 janvier 2008

En Angleterre, un jeune vient d’être assassiné par une arme neutralisée remise en état. Et les parents entament une « croisade » pour faire interdire les armes neutralisées !
Erwann nous donne son point de vue sur l’efficacité d’une telle démarche.

Cette affaire est terrible ! Ayant nous-même des enfants, nous ne pouvons qu’être profondément touchés par le drame qui a frappé les parents de Rhys et nous associer à leur détresse.
Leur désir, malgré leur deuil, d’entreprendre une action pour que d’autres familles ne vivent pas un jour le même drame force le respect. Malheureusement, en ciblant leur croisade sur l’interdiction des armes, ils se trompent d’objectif. Le renforcement des interdictions en matière d’armes ne mènera qu’à spolier inutilement des milliers d’honnêtes citoyens mais certainement pas à offrir un réel surcroît de sécurité à la population pour trois raisons :

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La règlementation stricte de la GB a été insufisante pour faire cesser son approvisionnement en armes


- la réglementation britannique est une des plus restrictives du monde en matière de détention d’armes par les particuliers. Elle se révèle pourtant inefficace pour lutter contre l’insécurité. Même si on la rend plus sévère, il restera toujours un certain nombre d’armes aux mains des délinquants, qui par définition se moquent de la loi. Quelques soient les peines prononcées pour la détention d’armes, celle-ci ne constituera toujours qu’un délit annexe en comparaison de leurs autres exactions.

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Depuis 1947, la production de Kalaschinkov s’élève à plus de 50 millions d’exemplaires !

- par ailleurs, malgré le caractère insulaire de la Grande Bretagne, il entrera toujours des armes en fraude sur son territoire. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les conflits dits "de basse intensité" se sont multipliés un peu partout dans le monde. De ce fait, l’industrie des armes légères a tourné à plein : rien que pour les armes du type Kalachnikov, on estime que la production depuis 1947 se monte à plus de 50 millions de fusils d’assaut, dont la plupart ne sont pas aujourd’hui entre les mains d’armées constituées, mais dans celles de milices et de groupes incontrôlés. Il est facile de se procurer des armes dans ces conditions. Il suffit de payer ! Le trafic de drogue et l’économie parallèle génèrent d’énormes bénéfices, qui permettront toujours aux gangs et aux trafiquants de se procurer les armes nécessaires à la protection de leurs territoires. Il suffit pour s’en convaincre de constater que l’importation clandestine de drogue n’a fait qu’augmenter au cours des années, malgré les énormes efforts déployés par les douanes. Dans ces conditions, il est bien évident que les armes entreront également en Grande Bretagne, dès que le besoin s’en fera sentir. Simplement, au lieu d’utiliser des armes bricolées, les gangs investiront un peu plus et importeront des Kalachnikov flambant neuves. On peut également illustrer ce propos, en rappelant que les activistes irlandais n’ont jamais manqué d’armes ni d’explosifs, malgré la pression extrême qu’exerçaient sur eux les services spéciaux britanniques, dont l’efficacité est pourtant unanimement reconnue.

- enfin, même si l’on parvenait un jour à supprimer totalement les armes à feu désactivées ou non, la sécurité des jeunes (et des moins jeunes) n’en serait pas pour autant mieux garantie. D’autres adolescents seraient quand même tués dans des conditions aussi atroces, avec des poignards, des battes de base-ball ou simplement à main nue.

Rhys a été assassiné avec une arme, mais l’assassin, c’est celui qui a appuyé sur la détente. Ce n’est pas dans l’objet qu’il faut rechercher la cause de ce drame mais dans la violence, souvent gratuite, qui s’est installée dans nos sociétés.
Les causes en sont complexes et multiples et il n’existe malheureusement aucune solution globale et immédiate à ce problème.
Dans ces conditions, il est bien sûr tentant de partir en croisade en désignant un objectif fortement symbolique et à première vue possible à atteindre : l’interdiction des armes. Mais c’est une illusion et le combat à mener est ailleurs et c’est un combat difficile et de longue haleine !

Alors, mes chers amis, puisque nous sommes à la période des vœux, souhaitons qu’un jour les hommes de bonne volonté, les politiciens et les journalistes, cessent de se tromper de cible et de confondre l’instrument et l’assassin. Souhaitons qu’ils aient la lucidité et le courage d’imaginer des mesures réalistes et efficaces et qu’ils aient la possibilité de les mettre en place pour permettre à chacun d’entre nous et nos familles de jouir de la légitime sécurité que tout état devrait pouvoir assurer à ses citoyens !

 

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